Et l'a lié pendant mille ans. Je donnerai au lecteur un abrégé de ce que saint Augustin nous a laissé sur ce chapitre, dans ce 20e livre de Civ. Dei [La Cité de Dieu]. Du 5e au 16e chap. (t. vii. p. 578, et suiv.) il traite de ces difficultés : Qu'entend-on par la première et la deuxième résurrection ; par la liaison et l'enchaînement du diable ; par les mille ans que les saints règnent avec Christ ; par le premier et le deuxième décès; par Gog et Magog, &c.

Quant à la première résurrection, chap. vi. il remarque au verset 5, que la résurrection [1] dans les évangiles, et dans saint Paul, s'applique non seulement au corps mais aussi à l'âme ; et la seconde résurrection, qui est à venir, est celle des corps : qu'il y a aussi une mort de l'âme, qui est par le péché ; et que la seconde mort est celle de l'âme et du corps par la damnation éternelle : que le mauvais et le bon ressusciteront dans leurs corps.

Sur ces mots, (v. 6) Béni soit celui qui a part à la première résurrection ; dans ceux-ci, la seconde mort n'a aucun pouvoir. Ceux, dit-il, (chap. ix.) qui sont ressuscités du péché et sont restés dans cette résurrection de l'âme, ne seront jamais passibles de la seconde mort, qui est la damnation. Casquette. vii. p. 580, il dit que certains catholiques ne comprenant pas bien la première résurrection, ont été entraînés dans des fables ridicules, [2] et ce par l'interprétation qu'ils ont donnée aux mille ans ; comme si la première résurrection impliquait une résurrection des corps des martyrs et des saints, qui devaient vivre sur la terre avec le Christ pendant mille ans avant la résurrection générale, dans toutes sortes de délices.

C'était l'opinion de ceux qu'on appelait les millénaristes : cela, dit-il, pourrait sembler tolérable dans une certaine mesure, [3] s'il était pris pour des délices spirituels, (car nous-mêmes étions autrefois dans ces sentiments) mais si pour des plaisirs charnels, cela ne peut être que cru par les hommes charnels. Il explique ensuite ce que l'on peut comprendre par la liaison et l'enchaînement du diable pendant mille ans (Cap. vii. & viii, p. 581) que les mille ans, signifiant un long temps, peuvent signifier tout le temps depuis la première venue de Christ [4] à sa seconde à la fin du monde, et à la dernière courte persécution sous l'antéchrist.

On dit que le diable est lié, c'est-à-dire que son pouvoir est très diminué et restreint, en comparaison du pouvoir grand et étendu qu'il avait sur toutes les nations avant l'incarnation de Christ ; non pas qu'il en tente encore beaucoup,[5] et suscite des persécutions, qui tournent toujours à leur plus grand bien ; et que vers la fin du monde il sera lâché, pour ainsi dire, pendant une courte période, et autorisé avec ses esprits infernaux à exercer sa méchanceté contre l'humanité, à éprouver la patience des élus, et à montrer la puissance de La grâce de Dieu, par laquelle ses fidèles serviteurs triompheront du diable.

(NB) Ce que saint Augustin ajoute plusieurs fois dans ces chapitres : « Que personne, dit-il, n'imagine[6] que même pendant ce court laps de temps, il n'y aura pas d'Église du Christ sur la terre : à Dieu ne plaise : même quand le diable sera déchaîné, il ne pourra pas séduire l'Église." Casquette. ix, p. 586, il explique ces paroles, (v. 4-5) J'ai vu leurs âmes qui ont été décapitées....et ils ont vécu et régné avec Christ pendant mille ans.

... c'est la première résurrection : c'est-à-dire que la première résurrection est pendant que le diable est enchaîné pour l'espace de mille ans. Il remarque que l' état actuel de l'Église est souvent appelé le royaume de Dieu, et que l' Église du Christ règne maintenant avec le Christ, à la fois dans les saints vivants et dans ceux qui sont morts, dans les âmes des martyrs, et d'autres, qui ont vécu et sont morts pieusement, règnent maintenant avec le Christ, pas encore dans leurs corps, [7] mais leurs âmes règnent avec lui.

Sur ces mots du verset 4 : qui n'avait pas adoré la bête, ni son image, ni reçu sa marque, il donne seulement cette exposition, comme agréable à la foi chrétienne, que par la bête peut être comprise la multitude de méchants pécheurs dans général, et l' image de la bête [8] ceux qui sont de l'Église en apparence et en profession seulement, et non par leurs œuvres. Quand il est dit (v.

5) que le reste des morts n'a pas vécu jusqu'à la fin des mille ans : ils n'ont pas vécu, dit-il, quant à leurs âmes, quand ils auraient dû vivre ; et donc n'étant pas heureux au ciel, quand leurs corps ressusciteront, ce ne sera pas pour la vie, mais pour le jugement et la damnation, qui est la seconde mort. Casquette. xi, il expose les 7e et 8e versets, où il est dit que Satan sera délié.

...et séduira les nations qui sont aux quatre coins de la terre, Gog et Magog, [9] et les rassemblera pour la bataille. Ce sera, dit saint Augustin, la dernière persécution à l'approche du jour du jugement, que toute la ville, ou toute l'Église du Christ dispersée dans l'univers, souffrira de toute la cité du diable. Il n'est pas non plus nécessaire que Gog et Magog soient pris pour un peuple barbare particulier[10], mais tel qu'il est dispersé d'une certaine manière dans chaque nation, et qui éclatera alors par l'instigation de Satan dans une haine ouverte et une persécution contre les fidèles serviteurs de Dieu; comme il est dit, (v.

8.) ils sont montés sur la largeur de la terre, et ont entouré le camp des saints, où nous ne pouvons pas littéralement comprendre un camp, une ville ou un lieu, mais l'Église partout dispersée. Casquette. XII, il expose le verset 9, où il prend le feu pour signifier, métaphoriquement, la ferme résistance et la constance des bons, et le feu [11] de leur zèle, qui dévorait comme les méchants ; ou nous pouvons comprendre avec d'autres, le feu temporel des jugements de Dieu dans ce monde contre les méchants, mais pas le dernier feu éternel ; car le feu éternel ne descend pas du ciel, mais les méchants y sont jetés en bas.

Casquette. XIII, il enseigne que la dernière persécution[12] de l'antéchrist, mentionnée ici, ne durera que trois ans et six mois ; c'est-à-dire un petit moment. Casquette. XIV et XV, il expose le verset 10 et suivant, du diable étant jeté dans l'étang de feu, après la dernière persécution de l'antéchrist. Par la bête, il entend, comme auparavant, la ville ou multitude de tous les méchants ; et par le faux prophète, soit l'antéchrist, soit l'apparence extérieure de la foi en ceux qui n'en ont pas.

Vient ensuite le jugement dernier, où il est dit que les livres sont ouverts, et aussi qu'un autre livre a été ouvert. Par le premier livre, on entend les hommes et leurs consciences ; et par l' autre livre, le livre de vie, celui[13] de la prédestination éternelle. Jusqu'ici S. Augustin, où nous voyons qu'il livre la doctrine catholique commune, que par les mille ans, si souvent mentionnés dans ce chapitre, il comprend tout ce temps dans lequel les âmes des martyrs, et de tous les autres saints, règnent heureux avec Christ dans le ciel, jusqu'à ce qu'après la résurrection générale, ils reçoivent un bonheur plein et complet, tant pour l'âme que pour le corps.

Une fausse exposition de ces mille ans a donné lieu à l'erreur, à l'erreur et à l'hérésie de ceux qu'on appelle les millénaristes, que Mède et le Dr W. ont suivis. Papias, qui vécut peu après, ou peut-être avec Saint-Jean, fut le principal promoteur de cette erreur ; un homme, dit Eusèbe, de "peu de jugement et de capacité,"[14] qui a mal interprété les discours qu'il a entendus. Il a été suivi par divers écrivains des deuxième, troisième et quatrième siècles, qui ne soutenaient pas avec Cerinthus et ses disciples, que les saints devraient se lever avant la résurrection générale, et régner avec Christ sur la terre pendant mille ans dans toutes sortes de plaisirs sensuels; mais dans les délices spirituels, dans la ville de Jérusalem, rebâtie de cette manière glorieuse décrite dans le chapitre suivant.

Or, bien que cette opinion ait eu plusieurs partisans considérables, dont je trouve ces sept : Papias, saint Justin Martyr, saint Irénée, Tertullien, Népos, (un évêque, en Egypte ; dans Eusèbe, lib. xii. chap. xxiv.) Victorinus Petabionensis, Lactance et Severus Sulpitius : pourtant il y eut toujours d'autres écrivains catholiques savants qui la rejetèrent comme une fable. De ce nombre était Caius, un prêtre, à Rome, vers la fin du deuxième âge [siècle]; Origène, dans son prologue sur les Cantiques ; St.

Denys, d'Alexandrie, qui au troisième âge [siècle] écrivit pour réfuter Nepos ; (voir Eusèbe, lib. vii. Histoire de l'Église, chap. xxiv., qui la traite comme une fable) Saint-Basile,[15] qui l'appelle le conte d' une vieille femme, et une fiction juive, Epist. 293 ; Saint Grégoire de Nazianze, Orat. 52 ; Saint-Épiphane, saint Jérôme, Philastrius, Théodoret, qui placent cette opinion parmi les hérésies et les fables hérétiques : de sorte que cela ne pourrait jamais être considéré comme la doctrine et la tradition constantes de l'Église.

L'évêque de Meaux remarque que Mède s'est trompé ou a falsifié le texte de saint Justin[16] qui, dans son Dialogue avec Tryphon, tient cette opinion d'un règne de mille ans ; mais ajoute : « Je vous ai aussi dit que beaucoup de chrétiens de sentiments pieux et sains ne reconnaissent pas que cela est vrai. Ainsi lisons-nous dans la traduction grecque, aussi bien que dans la traduction latine : mais M. Mède change tout à fait le sens, en ajoutant un négatif de cette manière ; mais beaucoup de ceux qui ne sont pas de cette doctrine pure et sainte, etc.

Nous pouvons observer que saint Justin dit dans la page suivante, que ceux qui ne possèdent pas la résurrection du corps, et disent que les âmes vont au ciel sans aucune résurrection future, ne doivent pas être considérés comme des chrétiens, mais doivent être considérés comme Sadducéens et incroyants. Ce qui est très vrai. Et il ajoute que lui, et d'autres qui pensent bien avec lui, savent qu'il y aura une résurrection de la chair, et une reconstruction de Jérusalem pendant mille ans, ce que St.

Justin lui-même juge fondé sur les prophètes, Isaias, Ezechiel, &c. Pour ne pas faire se contredire saint Justin, il mentionne trois opinions : la première est l'hérésie de ceux qui niaient absolument la future résurrection des morts : ce n'étaient pas des chrétiens, mais des incroyants, des sadducéens, etc. La seconde était de ceux qui soutenaient que les martyrs et les saints devaient se lever et régner pendant mille ans dans leurs corps sur la terre ; cela, qui était sa propre opinion, il l'appelle la doctrine juste et vraie.

Mais troisièmement, il ne condamne pas ces pieux chrétiens qui, comme il l'avait dit auparavant, renié ce règne de mille ans, car ce serait se contredire. (Witham) --- Dans le chapitre ci-dessus, quel homme peut réfléchir sans trembler, que le diable a la rage d'un dragon, la ruse d'un vieux serpent, la méchanceté d'un calomniateur, et qu'il est un ennemi des plus implacables ? D'autre part, quel homme ne se console-t-il pas en pensant que Jésus-Christ a vaincu ce féroce démon, et l'a enchaîné aux fers, en limitant l'exercice de sa rage et de sa malice ? Certains comprennent cet enchaînement du dragon du règne de Constantin, et particulièrement après la défaite de Licinius ; (voir ci-dessus, [Apocalypse] chap.

xii. 18.) et les mille ans de la période intermédiaire entre Constantin et l'antéchrist, quand le diable sera à nouveau déchaîné, mais pour une courte période, seulement trois ans et demi. (Bible de Vence) --- L'a lié, &c. La puissance de Satan a été très abrégée par la passion du Christ ; pour un millier d'années; c'est-à-dire pour tout le temps du nouveau testament, mais surtout depuis la destruction de Babylone ou de la Rome païenne, jusqu'aux nouveaux efforts de Gog et Magog contre l'Église, vers la fin du monde.

Pendant lequel les âmes des martyrs et des saints vivent et règnent avec le Christ dans le ciel, dans la première résurrection, qui est celle de l'âme à la vie de gloire, comme la seconde résurrection sera celle du corps, au jour de le jugement général. (Chaloner)

[BIBLIOGRAPHIE]

Saint Augustin, chap. vi. Prima animarum est.

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Type. vii, p. 580. Dans quasdam riduculas fabulas.

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P. 581. Utcunque tolerabilis.

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Mille annos pro annis omnibus hujus sæculi posuit, &c. Type. VIII, p. 583. A primo adventu Christi usque ad finem sæculi.

[BIBLIOGRAPHIE]

Type. VIII, p. 583. Alligatio diaboli est non permitti exercere totam tentationem, &c.

[BIBLIOGRAPHIE]

Ne quis existimet eo ipso parvo tempore, quo solvetur diabolus, in hac terra ecclesiam non futuram, etc. Contes erunt, cum quibus ei belligerandum est, ut vinci tanto ejus impetu, insidiisque non possint, &c.

[BIBLIOGRAPHIE]

Type. ix, p. 586. Quamvis ergo cum suis corporibus nondum, jam tamen eorum animæ regnant cum eo.

[BIBLIOGRAPHIE]

P. 587. Quæ sit ista bestia....non abhorret a fide recta, ut ipsa impia civitas intelligatur, et populus infidelium contrarius populo fideli, et civitati Dei. Imago vero simulatio ejus mihi videtur....fallaci imagine Christiani.

[BIBLIOGRAPHIE]

Chap xi, p. 589. De Gog et Magog : hæc erit novissima persecutio, novissimo imminente judicio, quam sancta ecclesia toto terrarum orbe patietur, universa scilicet civitas Christi ab universa diaboli civitate.

[10] Gentes istæ, quas appellat Gog et Magog: non sic sunt accipiendæ tanquam sint aliqui in aliqua parte terrarum barbari constituti....non utique ad unum locum venisse, vel venturi esse significati sunt, &c.

[BIBLIOGRAPHIE]

Chap XII, p. 589. Bene intelligitur ignis de cælo de ipsa firmitate sanctorum, qua non cessuri sunt sævientibus, quoniam non poterunt attrahere in partes antichristi sanctos Christi.

[BIBLIOGRAPHIE]

Chap XIII. Hæc persecutio novissima, quæ futura est ab antichristo (p. 590) tribus annis et sex mensibus erit....tempus exiguum, &c.

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Type. xv, p. 593. Prædestinationem significat eorum, quibus æterna dabitur vita, &c.

[BIBLIOGRAPHIE]

Eusèbe (lib. 3, chap. xxxix) dit de Papias, grec : omikr[] sur ton nom ; et qu'il suivait le grec : muthikotera.

[BIBLIOGRAPHIE]

Saint Basile (tom. 3, p. 284) dit, grec : graiodeis muthous.

[BIBLIOGRAPHIE]

Saint Justin, (Ed. Joachimi Perionii, p. 62.) multis autum eorum, etiam qui integræ piæque sententiæ Christianæ sunt, hæc incognita (seu non agnita) esse tibi exposui. Dans le grec de Rob. Stephen, à partir d'un manuscrit de la bibliothèque du roi, en l'an 1551, p. 88, grec : pollous d au, kai ton tes katharas, kai eusebous onton christianon gnomes, touto me gnorizein, esemena soi.

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