Quoi qu'il en soit, afin que je ne vous ennuie pas davantage, je vous prie de nous entendre quelques mots de votre clémence.

Paul était maintenant de nouveau à Césarée, dans la ville même où le prophète Agabus avait prédit sa capture par les Gentils, chap. 21h11. Il y a quelques semaines, il avait ici bénéficié de l'hospitalité de Philippe et de la société amicale des disciples de la ville, et maintenant il était prisonnier entre les mains des Romains et pour le moment enfermé dans le palais d'Hérode. Mais au bout de cinq jours, à compter du lendemain du départ de Paul de Jérusalem, lorsque les Juifs reçurent la mise en demeure de Lysias, le souverain sacrificateur Ananias avec plusieurs des anciens et un certain orateur, Tertullus, firent le voyage de Jérusalem à Césarée.

Aussi les dirigeants juifs n'avaient-ils pas perdu de temps pour choisir une délégation représentative du Sanhédrin, avec Ananias lui-même à la tête ; et ils avaient engagé les services d'un avocat romain, Tertullus, car ils devaient maintenant comparaître devant un tribunal romain ordinaire et devaient donc avoir un avocat familiarisé avec la procédure d'un tel tribunal. Cette délégation, par l'intermédiaire de son avocat, déposa formellement des informations contre Paul devant le procureur, énonçant leurs charges de la manière exigée par la pratique juridique romaine.

Lorsque Paul fut alors sommé de comparaître devant ces accusateurs, Tertullus, avec un grand effort oratoire, commença son discours d'accusation contre le prisonnier. Il est significatif que l'avocat essaie de renforcer la faiblesse de la cause qu'il représente par une grande masse de mots. L'introduction de son discours était destinée exclusivement à flatter le gouverneur et à engager sa bonne volonté en faveur des Juifs.

L'orateur, en termes jaillissants, a loué la paix uniforme et complète qui s'était abattue sur eux, dont ils jouissaient par lui, et les améliorations, les réformes ou les actes très dignes qui étaient devenus la propriété du peuple par sa prévoyance, qui avait prévu tous ces avantages pour la nation à l'avance. Et tout cela, comme le souligne Tertullus avec une grande démonstration de servilité, les Juifs l'acceptèrent en tout temps et en tout lieu, avec toute la reconnaissance qui s'imposait.

Le nom complet du très honorable Félix, comme Tertullus appelle le gouverneur, le procureur de Judée, était Antonius Felix. Il était un affranchi de l'empereur Claude et un frère de Pallas, qui était un favori de Néron. Il entra en fonction en 53 après JC, après la déposition de Cumanus, mais, comme le dit l'historien Tacite, il exerça le pouvoir d'un roi dans l'esprit d'un esclave, ce qui plus tard provoqua son rappel.

La première déclaration de Tertullus, que Félix avait rétabli et maintenu la paix dans la province, était vraie, dans une certaine mesure, puisqu'il avait supprimé quelques bandes de voleurs qui avaient infesté le pays ; mais cela était compensé par le fait qu'il employait des assassins pour assassiner le grand prêtre Jonathan, et qu'il était sujet à des passions violentes et égoïstes. La référence suivante du procureur aux mesures de réforme doit être écartée par le fait que les historiens se représentent son arbitraire, qui a finalement rendu permanents les troubles et la rébellion.

Et l'affirmation selon laquelle la nation juive était partout et toujours reconnaissante à Félix pour ses services s'est ensuite révélée fausse par le fait que les Juifs eux-mêmes étaient ses accusateurs à Rome. On peut donc, au mieux, considérer le titre comme une simple forme vide. Quand la politesse et le tact dégénèrent en flatterie basse et en servilité simulée, la vérité et l'honnêteté sont inévitablement chassées. Cette impression est renforcée par les mots suivants.

Car Tertullus agit maintenant comme s'il n'avait pas vraiment commencé à mentionner tous les actes louables de Félix, que, si le temps le lui permettait, il continuerait volontiers indéfiniment dans la même tension. Mais il laisse entendre que le gouverneur est si occupé par tous ses plans pour de nouvelles réformes qu'il ne doit pas l'entraver et le fatiguer par un récit fastidieux de toutes ses excellences. Il considérera donc qu'on en a assez dit, et demandera simplement au gouverneur de bien vouloir les écouter et, si possible, d'accorder leur désir selon sa clémence. Il promet d'être bref. Afin de ne pas forcer l'attention courtoise de Félix. Un exemple d'hypocrisie flatteuse et écoeurante.

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