Job 41:1-34

1 (40:20) Prendras-tu le crocodile à l'hameçon? Saisiras-tu sa langue avec une corde?

2 (40:21) Mettras-tu un jonc dans ses narines? Lui perceras-tu la mâchoire avec un crochet?

3 (40:22) Te pressera-t-il de supplication? Te parlera-t-il d'une voix douce?

4 (40:23) Fera-t-il une alliance avec toi, Pour devenir à toujours ton esclave?

5 (40:24) Joueras-tu avec lui comme avec un oiseau? L'attacheras-tu pour amuser tes jeunes filles?

6 (40:25) Les pêcheurs en trafiquent-ils? Le partagent-ils entre les marchands?

7 (40:26) Couvriras-tu sa peau de dards, Et sa tête de harpons?

8 (40:27) Dresse ta main contre lui, Et tu ne t'aviseras plus de l'attaquer.

9 (40:28) Voici, on est trompé dans son attente; A son seul aspect n'est-on pas terrassé?

10 (41:1) Nul n'est assez hardi pour l'exciter; Qui donc me résisterait en face?

11 (41:2) De qui suis-je le débiteur? Je le paierai. Sous le ciel tout m'appartient.

12 (41:3) Je veux encore parler de ses membres, Et de sa force, et de la beauté de sa structure.

13 (41:4) Qui soulèvera son vêtement? Qui pénétrera entre ses mâchoires?

14 (41:5) Qui ouvrira les portes de sa gueule? Autour de ses dents habite la terreur.

15 (41:6) Ses magnifiques et puissants boucliers Sont unis ensemble comme par un sceau;

16 (41:7) Ils se serrent l'un contre l'autre, Et l'air ne passerait pas entre eux;

17 (41:8) Ce sont des frères qui s'embrassent, Se saisissent, demeurent inséparables.

18 (41:9) Ses éternuements font briller la lumière; Ses yeux sont comme les paupières de l'aurore.

19 (41:10) Des flammes jaillissent de sa bouche, Des étincelles de feu s'en échappent.

20 (41:11) Une fumée sort de ses narines, Comme d'un vase qui bout, d'une chaudière ardente.

21 (41:12) Son souffle allume les charbons, Sa gueule lance la flamme.

22 (41:13) La force a son cou pour demeure, Et l'effroi bondit au-devant de lui.

23 (41:14) Ses parties charnues tiennent ensemble, Fondues sur lui, inébranlables.

24 (41:15) Son coeur est dur comme la pierre, Dur comme la meule inférieure.

25 (41:16) Quand il se lève, les plus vaillants ont peur, Et l'épouvante les fait fuir.

26 (41:17) C'est en vain qu'on l'attaque avec l'épée; La lance, le javelot, la cuirasse, ne servent à rien.

27 (41:18) Il regarde le fer comme de la paille, L'airain comme du bois pourri.

28 (41:19) La flèche ne le met pas en fuite, Les pierres de la fronde sont pour lui du chaume.

29 (41:20) Il ne voit dans la massue qu'un brin de paille, Il rit au sifflement des dards.

30 (41:21) Sous son ventre sont des pointes aiguës: On dirait une herse qu'il étend sur le limon.

31 (41:22) Il fait bouillir le fond de la mer comme une chaudière, Il l'agite comme un vase rempli de parfums.

32 (41:23) Il laisse après lui un sentier lumineux; L'abîme prend la chevelure d'un vieillard.

33 (41:24) Sur la terre nul n'est son maître; Il a été créé pour ne rien craindre.

34 (41:25) Il regarde avec dédain tout ce qui est élevé, Il est le roi des plus fiers animaux.

Léviathan est presque certainement le crocodile, et il y a l'enjouement d'une grande tendresse dans les suggestions que Jéhovah fait à Job au sujet de ces créations féroces. Job peut-il l'attraper avec une corde ou un crochet ? Priera-t-il Job ? Job fera-t-il de lui un serviteur ou un jouet pour lui-même ou ses servantes ? Il y a une belle satire, et pourtant la plus tendre et la plus humoristique, dans les paroles de Jéhovah !

Mets ta main sur lui ; Souvenez-vous de la bataille, et ne le faites plus.

Si personne n'ose attiser le Léviathan, qui peut se tenir devant Dieu ? Si Job n'ose pas tenter d'attraper, de maîtriser ou de jouer avec cet animal, comment peut-il espérer rivaliser avec Dieu pour gouverner l'univers ? Après la question, la description revient à la bête dans toute la magnificence de sa force, et se termine par une image d'hommes essayant de le vaincre avec une épée, ou une lance, ou un dard, ou un manche pointu; tandis que pendant tout ce temps, dans une colère féroce, il tient la citadelle de son être et devient roi sur tous les fils de l'orgueil.

Ainsi, le dévoilement de la propre gloire de Dieu s'achève, non pas dans les limites supérieures du spirituel, mais dans son exposition dans une bête de la rivière et des champs. Ce n'est pas la méthode que nous aurions adoptée, mais c'est la méthode parfaite. Pour l'homme qui connaît Dieu, il suffit de faire flamber sa connaissance la plus commune de sa vraie gloire pour qu'il apprenne la leçon la plus sublime de toutes.

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