24. Un homme a lutté avec lui (107) Bien que cette vision fut particulièrement utile à Jacob lui-même, pour lui apprendre d'avance que de nombreux conflits l'attendaient, et qu'il pouvait certainement en conclure qu'il devait être le vainqueur de tous; il ne fait cependant pas le moindre doute que le Seigneur a exposé, en sa personne, un spécimen des tentations - communes à tout son peuple - qui les attendent et doivent être constamment soumises dans cette vie transitoire. C'est pourquoi il est juste de garder en vue ces desseins de la vision, qui est de représenter tous les serviteurs de Dieu dans ce monde comme des lutteurs; parce que le Seigneur les exerce avec divers types de conflits. De plus, il n'est pas dit que Satan, ou aucun mortel, a lutté avec Jacob, mais Dieu lui-même: pour nous enseigner que notre foi est éprouvée par lui; et chaque fois que nous sommes tentés, nos affaires sont vraiment avec lui, non seulement parce que nous nous battons sous ses auspices, mais parce que lui, en tant qu'antagoniste, descend dans l'arène pour essayer nos forces. Ceci, bien qu'à première vue cela semble absurde, l'expérience et la raison nous apprennent à être vrai. Car comme toute prospérité découle de sa bonté, de même l'adversité est soit la verge avec laquelle il corrige nos péchés, soit le test de notre foi et de notre patience. Et comme il n'y a aucune sorte de tentations par lesquelles Dieu n'éprouve pas son peuple fidèle, la similitude est très appropriée, qui le représente comme venant, au corps à corps, combattre avec eux. Par conséquent, ce qui était autrefois exposé sous une forme visible à notre père Jacob, s'accomplit quotidiennement dans les membres individuels de l'Église; à savoir, que, dans leurs tentations, il leur est nécessaire de lutter avec Dieu. Il est dit, en effet, qu'il nous tente d'une manière différente de Satan; mais parce que lui seul est l'auteur de nos croix et de nos afflictions, et que lui seul crée la lumière et les ténèbres, (comme cela est déclaré dans Ésaïe), il est dit qu'il nous tente quand il met à l'épreuve notre foi. Mais la question se pose maintenant: Qui est capable de résister à un antagoniste, au souffle duquel toute chair périt et disparaît, au regard duquel les montagnes fondent, au mot ou au signe duquel le monde entier est ébranlé, et donc d'essayer la moindre contestation avec lui serait une témérité insensée? Mais il est facile de dénouer le nœud. Car nous ne combattons contre lui que par son propre pouvoir et avec ses propres armes; car lui, nous ayant mis au défi à ce concours, nous fournit en même temps des moyens de résistance, de sorte qu'il combat à la fois contre nous et pour nous. En bref, telle est sa répartition du conflit, que, s'il nous assaille d'une main, il nous défend de l'autre; oui, dans la mesure où il nous fournit plus de force pour résister qu'il n'en emploie pour nous opposer, nous pouvons vraiment et correctement dire qu'il se bat contre nous avec son main gauche, et pour nous avec sa droite main. Car tandis qu'il s'oppose légèrement à nous, il fournit une force invincible par laquelle nous vaincrons. Il est vrai qu'il reste en parfaite unité avec lui-même: mais la double méthode dans laquelle il traite avec nous ne peut s'exprimer autrement que celle qu'en nous frappant avec une verge humaine, il ne déploie pas toute sa force dans la tentation; mais qu'en accordant la victoire à notre foi, il devient en nous plus fort que la puissance par laquelle il nous oppose. Et bien que ces formes d'expression soient dures, leur dureté sera facilement atténuée dans la pratique. Car si les tentations sont des contestations (et nous savons qu'elles ne sont pas accidentelles, mais sont divinement désignées pour nous), il s'ensuit donc que Dieu agit à la manière d'un antagoniste, et de cela dépend le reste; c'est-à-dire que dans la tentation elle-même, il semble faible contre nous, afin qu'il puisse conquérir en nous. Certains restreignent cela à un seul type de tentation, où Dieu se manifeste ouvertement et ouvertement comme notre adversaire, comme armé pour notre destruction. Et vraiment, je l'avoue, que cela diffère des conflits communs, et nécessite, au-delà de tous les autres, une force rare, voire héroïque. Pourtant j'inclus volontiers toutes sortes de conflits dans lesquels Dieu exerce les fidèles: puisqu'ils ont en tout Dieu pour antagoniste, bien qu'il ne puisse pas se déclarer ouvertement hostile à eux. Que Moïse l'appelle ici lui un homme que peu après il déclare avoir été Dieu, est une forme de discours suffisamment habituelle. Car puisque Dieu est apparu sous la forme d'un homme, le nom est de là pris; tout comme, à cause du symbole visible, l'Esprit est appelé colombe; et, à son tour, le nom de l'Esprit est transféré à la colombe. Que cette révélation ne fut pas plus tôt faite au saint homme, je le comprends, c'est pour cette raison, parce que Dieu avait résolu de l'appeler, en tant que soldat, robuste et habile à la guerre, à des concours plus sévères. Car comme les recrues crues sont épargnées, et les jeunes bœufs ne sont pas immédiatement attachés à la charrue; ainsi le Seigneur exerce plus doucement son propre peuple, jusqu'à ce que, ayant rassemblé des forces, ils deviennent plus endurcis au travail. Jacob, par conséquent, ayant été habitué à supporter les souffrances, est maintenant conduit à la vraie guerre. Peut-être aussi le Seigneur a-t-il fait référence au conflit qui approchait alors. Mais je pense que Jacob a été averti, à son entrée même sur la terre promise, qu'il n'était pas là pour s'attendre à une vie tranquille pour lui-même. Car son retour dans son propre pays peut sembler être une sorte de libération; et ainsi Jacob, comme un soldat qui avait gardé son service, se serait livré au repos. C'est pourquoi il lui fallait absolument apprendre quelles seraient ses conditions futures. Nous devons aussi apprendre de lui que nous devons nous battre tout au long de notre vie; de peur que quiconque, se promettant du repos, ne se trompe volontairement. Et cet avertissement est très nécessaire pour nous; car nous voyons combien nous sommes enclins à la paresse. D'où il vient que nous ne penserons pas seulement à une trêve en guerre perpétuelle; mais aussi de paix dans le feu du conflit, à moins que le Seigneur ne nous réveille.

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