Ver. 4-7. Et c'est la cause, etc. — La raison est clairement exprimée dans le texte. A l'exception de Josué et de Caleb, tous les six cent mille combattants qui sortirent d'Egypte, étaient morts pendant les quarante ans que le peuple avait habité dans les déserts d'Arabie ; et pendant cet intervalle de temps ils avaient négligé de circoncire les enfants mâles qui y étaient nés. Mais d'où vient cette négligence ? Ce n'était pas par mépris, puisque l'Écriture ne reproche nulle part aux Israélites à ce sujet. Mais les savants nous ont donné les raisons suivantes de cette longue interruption de la circoncision.

I. Que la fin des lois cérémonielles, surtout la circoncision, étant de distinguer les Juifs des nations idolâtres, il était inutile de les circoncire dans le désert, où il ne leur était pas possible de se mêler à d'autres peuples. C'était l'opinion de Théodoret et de saint Jérôme parmi les anciens ; comme il l'était de Grotius, Episcopius et Le Clerc, parmi les modernes : nous le trouvons aussi épousé par M. Pyle.
II. La seconde raison la plus généralement reçue, c'est que les mouvements presque incessants des Israélites, l'incertitude des temps de débarquement, la stérilité des lieux où ils séjournaient, et les inconvénients de voyager, rendant l'opération très dangereuse pour les enfants, Dieu volontairement s'en passer. Quelques rabbins judicieux ont adopté cette opinion ; et il a été soutenu par plusieurs commentateurs habiles parmi nous.
III. Mais ces raisons ne semblent pas également satisfaisantes à tout le monde. Les marches des Israélites étaient très loin d'être fréquentes pendant les trente-huit dernières années de leur séjour dans le désert.

D'ailleurs, il eût mieux valu changer quelque peu le temps, et rapporter cette cérémonie au premier campement, au lieu de la fixer au huitième jour, plutôt que de l'omettre entièrement ; voyant que certaines bénédictions y étaient annexées. De sorte qu'à cet égard, la pratique de la circoncision était indispensable, bien que le but premier de l'institution fût d'empêcher les enfants d'Israël de nouer des relations avec des nations étrangères. Ajoutez à cela que cette dernière considération ne pouvait les dispenser de l'observation d'un précepte positif, bien que la circoncision n'eût été en usage chez aucune des nations ; ce qui n'était nullement le cas, cette cérémonie étant pratiquée par les Iduméens, et peut-être même par les Madianites. Ces réflexions et d'autres ont déterminé de judicieux critiques à dire : que la circoncision fut interrompue pendant le temps que les Israélites voyageaient dans le désert, parce qu'ils n'estimèrent pas le précepte de la circoncision obligatoire, jusqu'à ce qu'ils se soient vus établis dans le pays de Canaan ; et d'autant plus qu'il n'y avait rien à cet égard de prescrit sur le renouvellement de l'alliance qui fut faite au pied du mont Sinaï.

On peut donc conclure que la circoncision n'était pas aussi nécessaire au salut que certains écrivains, aussi bien chrétiens que juifs, l'ont pensé ; particulièrement ces derniers, parmi lesquels certains ont poussé leur superstition jusqu'à circoncire leurs enfants même morts, lorsqu'ils ne pouvaient le faire de leur vivant.
Enfin, un écrivain de grande réputation a avancé une conjecture, que la multitude mélangéedes Égyptiens qui suivaient les Israélites étant une image de l'appel, des Gentils, il devint nécessaire, que comme les cérémonies, et en particulier la circoncision, devaient être abolies ; ainsi, pour enlever la distinction qui était entre leur postérité, l'usage de la circoncision devrait être alors suspendu. En outre, Dieu ne voulait pas que la suspension de cette cérémonie se poursuive jusqu'à ce que les Israélites prennent possession du pays de Canaan : 1° De peur que cela ne laisse place à l'intrusion de Cananéens parmi les Hébreux. 2° que ceux qui entrèrent dans le pays de Canaan, étant incirconcis, ainsi que les enfants des Égyptiens, et devenant ensuite égaux par la circoncision, n'eussent aucune occasion de leur reprocher leur original différent. Voir Allix sur le Pentateuque.

Quelle que soit la vérité, ou les divers degrés de probabilité ou de force de ces réflexions ; il est certain que Dieu n'a pas condamné l'interruption de la circoncision, ni imputé aucun crime aux Israélites à cause de cela : et nous pouvons facilement concevoir que le précepte n'étant pas fondé dans la nature, mais simplement positif et cérémoniel, l'argument tiré de les inconvénients du voyage suffisaient à eux seuls pour s'en passer sous l'approbation divine. Les Israélites suivaient alors seulement une maxime qu'ils ont généralement suivie ; c'est-à-dire que l'administration de ce sacrement peut être différée lorsqu'elle ne peut être reçue sans danger.

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