22. Et Abram a dit au roi de Sodome, j'ai levé la main, etc. (368) Cette ancienne cérémonie était très appropriée pour exprimer la force et la nature d'un serment. Car en levant la main vers le ciel, nous montrons que nous faisons appel à Dieu comme témoin, et aussi comme vengeur, si nous ne respectons pas notre serment. Autrefois, en effet, ils levaient la main pour voter; d'où les Grecs tirent le mot (χειροτονεῖν,) (369) qui signifie décréter: mais dans le rite du serment, la raison car cela était différent. Car les hommes ont déclaré par la présente qu'ils se considéraient comme étant en présence de Dieu et l'ont appelé à être à la fois le gardien de la vérité et le vengeur du parjure. Pourtant, il peut sembler étrange qu'Abram se soit si facilement proposé de jurer; car il savait qu'un certain degré de révérence était dû au nom de Dieu, ce qui devrait nous contraindre à l'utiliser mais avec parcimonie, et uniquement par nécessité. Je réponds, il y avait deux raisons pour lesquelles il jurait. Premièrement, comme les hommes inconstants ont coutume de mesurer les autres selon leur propre critère, ils font rarement confiance à de simples assertions. Le roi de Sodome aurait donc pensé qu'Abram ne remettait pas sérieusement son droit, à moins que le nom de Dieu n'eût été interposé. Et, deuxièmement, il était d'une grande importance, de faire comprendre à tous, qu'il n'avait pas mené une guerre de mercenaires. Les histoires de tous les temps déclarent suffisamment que même ceux qui ont eu de justes causes de guerre y ont néanmoins été invités par la soif du gain privé. Et comme les hommes sont déterminés à inventer des prétextes, ils ne sont jamais à court de trouver des raisons plausibles à la guerre, même si la convoitise peut être leur seul véritable stimulant. Par conséquent, à moins qu'Abram n'eût résolument refusé le butin de guerre, la rumeur se serait immédiatement répandue que, sous prétexte de sauver son neveu, il avait eu l'intention de saisir la proie. Contre quoi il lui fallait soigneusement se garder, non pas tant pour lui-même que pour la gloire de Dieu, qui autrement aurait reçu une marque de dénigrement. D'ailleurs, Abram voulait s'armer du nom de Dieu, comme d'un bouclier, contre toutes les séductions de l'avarice. Car le roi de Sodome n'aurait pas renoncé à tenter son esprit par diverses méthodes, si l'occasion d'utiliser des insinuations fades n'avait pas été promptement coupée.

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