9. Où est Abel? Ceux qui supposent que le père a fait cette enquête auprès de Caïn concernant son fils Abel, énervent toute la force de l'instruction que Moïse entendait ici donner; à savoir que Dieu, à la fois par inspiration secrète et par quelque méthode extraordinaire, a cité le parricide (242) à son tribunal, comme s'il avait tonné du ciel. Car, ce que j'ai déjà dit doit être fermement maintenu que, comme Dieu nous parle maintenant à travers les Écritures, il s'est manifesté autrefois aux Pères par des oracles; et aussi dans le même sens, a révélé ses jugements aux fils réprouvés des saints. L'ange a donc parlé à Agar dans le bois, après qu'elle se soit éloignée de l'Église, (243) comme nous le verrons dans le huitième verset du seizième chapitre : Genèse 16:8. Il est en effet possible que Dieu ait interrogé Caïn par les examens silencieux de sa conscience; et qu'il, en retour, peut avoir répondu, en s'inquiétant intérieurement et en murmurant. Nous devons cependant conclure qu'il a été examiné, non seulement par la voix extérieure de l'homme, mais par une voix divine, afin de lui faire sentir qu'il avait affaire directement à Dieu. Aussi souvent, alors que les componctions secrètes de la conscience nous invitent à réfléchir sur nos péchés, rappelons-nous que Dieu lui-même parle, avec nous. Car ce sens intérieur par lequel nous sommes convaincus de péché est le siège du jugement particulier de Dieu, où il exerce sa juridiction. Que ceux donc dont la conscience les accuse, prennent garde, à l'exemple de Caïn, de se confirmer dans l'obstination. Car c'est vraiment donner un coup de pied à Dieu et résister à son Esprit; lorsque nous repoussons ces pensées, qui ne sont rien d'autre que des incitations à la repentance. Mais c'est une faute trop commune, d'ajouter longuement aux anciens péchés une telle perversité, que celui qui est contraint, qu'il le veuille ou non, de ressentir le péché dans son esprit, refusera encore de céder à Dieu. D'où il apparaît combien grande est la dépravation de l'esprit humain; car, une fois condamnés et condamnés par notre propre conscience, nous ne cessons ni de nous moquer ni de nous rager contre notre juge. Prodigieuse fut la stupeur de Caïn, qui, ayant commis un crime si grand, rejeta férocement la réprimande de Dieu, dont il ne put pourtant échapper à la main. Mais la même chose arrive chaque jour à tous les méchants; chacun désire être jugé ingénieux pour trouver des excuses. Car le cœur humain est si enchevêtré dans des labyrinthes sinueux, qu'il est facile pour les méchants d'ajouter un mépris obstiné de Dieu à leurs crimes; non pas parce que leur contumation est suffisamment ferme pour résister au jugement de Dieu, (car, bien qu'ils se cachent dans les profondeurs dont j'ai parlé, ils sont néanmoins toujours secrètement brûlés, comme avec un fer chaud,) mais parce que par une obstination aveugle, ils se rendent insensibles. Par conséquent, la force du jugement divin est clairement perçue; car cela perce tellement le cœur de fer des méchants, qu'ils sont forcés intérieurement d'être leurs propres juges; il ne leur permet pas non plus d'effacer le sentiment de culpabilité qu'il a extorqué, de ne pas laisser la trace ou la cicatrice de la brûlure. Caïn, en niant qu'il était le gardien de la vie de son frère, bien que, avec une rébellion féroce, il tente violemment de repousser le jugement de Dieu, mais pense à s'échapper par ce caprice, qu'il n'était pas obligé de rendre compte de son assassiné frère, car il n’avait reçu aucune commande expresse de prendre soin de lui.

Continue après la publicité
Continue après la publicité