15. Par la vie de Pharaon . De cette formule de jurer une nouvelle question est soulevée; car ce qui est commandé dans la loi, que nous ne jurerions que par le nom de Dieu, avait déjà été gravé dans le cœur des pieux; puisque la nature dicte que cet honneur doit être donné à Dieu seul, que les hommes doivent s'en remettre à son jugement et faire de lui l'arbitre suprême et le défenseur de la foi et de la vérité. Si nous disons que ce n'était pas simplement un serment, mais une sorte d'obstestation, le saint homme sera, dans une certaine mesure, excusable. Celui qui jure par Dieu veut qu'il intervienne pour infliger une punition au parjure. Ceux qui jurent par leur vie ou par leur main déposent pour ainsi dire ce qu'ils jugent le plus précieux, en gage de leur fidélité. Par cette méthode, la majesté de Dieu n'est pas transférée à l'homme mortel; car c'est une chose bien différente de le citer comme témoin qui a le droit de se venger, et d'affirmer par quelque chose qui nous est le plus cher, que ce que nous disons est vrai. Ainsi Moïse, quand il appelle le ciel et la terre à témoigner, ne leur attribue pas de divinité et fabrique ainsi une nouvelle idole; mais, pour qu'une autorité supérieure puisse être donnée à la loi, il déclare qu'il n'y a aucune partie du monde qui ne criera devant le tribunal de Dieu, contre l'ingratitude du peuple, s'il rejette la doctrine du salut. Néanmoins, il y a, je l'avoue, dans cette forme de serment qu'utilise Joseph, quelque chose qui mérite d'être blâmé; car c'était une adulation profane, parmi les Egyptiens, de jurer par la vie du roi. De même que les Romains juraient par le génie de leur prince, après avoir été réduits à un tel esclavage, ils rendirent leur César égal à des dieux. Certes, cette manière de jurer est contraire à la vraie piété. D'où il peut être perçu que rien n'est plus difficile aux saints serviteurs de Dieu que de se garder si purs, tout en connaissant la saleté du monde, pour n'en contracter aucune souillure. Joseph, en effet, n'a jamais été aussi infecté par les corruptions de la cour, mais qu'il est resté un pur adoré de Dieu: on voit pourtant qu'en s'accommodant de cette coutume dépravée de parler, il avait reçu quelque tache. Sa répétition de l'expression montre que lorsque quelqu'un s'est une fois habitué au mal, il devient extrêmement enclin à pécher encore et encore. Nous observons que ceux qui ont une fois assumé imprudemment le droit de prêter serment, versent un serment tous les trois mots, même lorsqu'ils parlent des choses les plus frivoles. Nous devons donc faire preuve d'une plus grande prudence, de peur qu'une telle indulgence ne nous endurcisse dans cette mauvaise coutume.

Continue après la publicité
Continue après la publicité