L'observé devrait être l'ordre que le Prophète garde; car il n'aurait pu parler avec profit de cette seconde partie s'il n'avait d'abord ôté cette fausse confiance à laquelle les Juifs s'étaient longtemps attachés; car quand quelqu'un jette des graines sur un sol non cultivé, quel fruit peut-il y avoir à son travail? De même qu'il est nécessaire de se servir de la charrue avant de semer la semence, de même, quand on cherche à enseigner avec profit, il faut arracher les vices qui ont leurs racines dans le cœur des hommes; et cela doit être particulièrement le cas lorsque nous traitons de la foi en Dieu seul et de l'invocation sincère de son nom. Et le Prophète avait une raison particulière pour ce qu'il faisait, parce que les Juifs s'étaient endurcis depuis longtemps dans de fausses confidences, de sorte qu'ils méprisaient Dieu à deux égards, - ils méprisaient ses menaces, et ne rendaient pas non plus compte de ses promesses gracieuses. Le Prophète ne pouvait donc rien avoir fait s'il n'avait pas suivi cette méthode, c'est-à-dire pour corriger le mal dont ils avaient été longtemps entachés; car les mauvaises herbes nocives doivent d'abord être éliminées avant qu'il n'y ait de place pour que le maïs puisse pousser.

Mais s'il n'avait parlé que négativement, c'est-à-dire s'il avait seulement condamné leur fausse confiance, cela n'aurait pas été suffisant. Les Juifs auraient en effet pu dire qu'ils avaient été trompés en plaçant leurs espérances dans les Egyptiens; mais cela aurait pu arriver par quelques méchants: et en cherchant de l'aide ailleurs, déçus, ils auraient bien condamné leurs propres conseils, mais seraient pourtant restés en suspens et anxieux, sans chercher Dieu. C'est pourquoi nous voyons à quel point le Prophète a commencé convenablement par condamner les Juifs pour avoir fait confiance aux hommes, puis avec quelle sagesse il a ajouté cette seconde partie; car, comme je l'ai dit, il ne suffisait pas de parler pour ainsi dire négativement, sans les inviter à retourner à Dieu. Mais c'est souvent le cas de nos jours; car nous voyons que beaucoup se moquent de ces superstitions qui ont prévalu jusqu'à présent sous la papauté; mais pourtant aucune religion n'apparaît en eux. Il leur suffit de ridiculiser ces momeries; mais il aurait mieux valu pour eux d'être retenus dans la crainte de Dieu, même par quelque superstition, que d'exposer ainsi le mal, et pourtant de n'avoir aucune vénération pour Dieu. C'est la même absurdité que de démolir une mauvaise maison et de laisser l'homme à l'air libre; à quelle fin une telle chose peut-elle être faite? car celui qui est obligé de quitter sa maison avait quelque chose pour le couvrir pendant un certain temps. Il ne suffit donc pas de détruire ce qui est mauvais, sauf si un bon bâtiment réussit.

Voici la méthode et l'ordre que le Prophète a observés: Après avoir dit que tous ceux qui se confient aux hommes sont maudits, il ajoute maintenant: Heureux l'homme qui a confiance en Jéhovah ; comme s'il avait dit que les hommes sont tout à fait inexcusables de compter sur eux-mêmes ou sur les autres, quand Dieu s'offre volontiers à eux. Qu'est-ce donc qui empêche les hommes d'avoir leur sécurité assurée? Leur propre péché en rejetant la grâce de Dieu, qui leur est offerte gratuitement; mais ils préfèrent se tromper eux-mêmes et s'attribuer à eux-mêmes et aux autres ce qui appartient justement à Dieu seul.

Nous voyons alors que l'ingratitude du monde entier est ici condamnée par le Prophète quand il dit que tous ceux qui font confiance à Jéhovah sont béni : car si Dieu s'était caché, il y aurait eu une couverture pour l'ignorance; et aussi une défense de ce genre aurait pu être faite: «Que pourrions-nous faire d'autre? Nous avons cherché l'aide qui était à notre portée: si Dieu nous avait appelés à lui ou nous avait permis de venir à lui, nous aurions été bien disposés; mais comme il nous a abandonnés, c'était bien le dernier refuge du désespoir pour considérer ce qui devait être fait et chercher de tous côtés des aides pour nous-mêmes. C'est pourquoi le Prophète montre ici que toutes ces défenses étaient frivoles, car Dieu les avait librement invitées à lui-même; car il aurait dit en vain qu'il est béni ceux qui ont confiance en Jéhovah, si Dieu ne s'était pas présenté comme leur confiance.

Mais il faut remarquer ce qui confirme plus loin cette phrase, qui est en elle-même très claire, Et dont Jéhovah a confiance . Aucune lumière supplémentaire ne semble être donnée à la vérité précédente; et puis quelle ambiguïté contient-elle qui demande une explication? Heureux l'homme qui a confiance en Jéhovah ; même les enfants peuvent comprendre cela: les paroles du Prophète sont donc soit superflues, soit il y a une raison pour laquelle il répète ce qui est si clair. Sans doute l'incrédulité, que chacun de nous trouve en lui-même, est le meilleur enseignant; car même ceux qui semblent avoir une vraie confiance en Dieu, mais hésitent quand une épreuve les assaille. Depuis lors, c'est une chose courante chez nous de regarder autour de nous dans divers quartiers quand un danger est proche, nous pouvons donc facilement savoir que nous n'espérons pas en Dieu. Ce qui nous paraît alors si facile, nous le trouvons en réalité très difficile: et c'est pourquoi le Prophète, après avoir dit, qu'ils sont bénis qui ont confiance en Dieu, l'a mentionné en second lieu, Et dont l'espoir est Dieu ; comme s'il avait dit: «Le monde ne sait pas ce que c'est que se confier en Dieu: bien que chacun témoigne hardiment de cela, et déclare même avec vantardise qu'il fait confiance à Dieu, pourtant pas un sur mille trouve qu'il comprend cela, ou jamais su ce que c'est du fond du cœur d'espérer en Dieu. Nous voyons maintenant que cette répétition n'est ni superflue ni insensée.

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