Dieu a ordonné aux captifs de construire des maisons en Chaldée, de planter des vignes, et aussi de épouser des femmes, et à engendrer des enfants, comme s'ils étaient à la maison. Ce n'était pas, en effet, le dessein de Dieu qu'ils devaient mettre leur cœur sur la Chaldée, au contraire, ils devaient toujours penser à leur retour: mais jusqu'à la fin des soixante-dix ans, c'était la volonté de Dieu qu'ils continuent à se taire, et n'essayez pas ceci ou cela, mais continuez les affaires de la vie comme s'ils étaient dans leur propre pays. Quant à leur espérance, alors, c’était la volonté de Dieu que leur esprit soit en suspens jusqu’au moment de la délivrance.

À première vue, ces deux choses semblaient incohérentes, - que les Juifs devaient vivre soixante-dix ans comme s'ils étaient les indigènes du lieu, et que leurs habitations ne devaient pas être changées, - et pourtant qu'ils attendaient avec impatience un retour. Mais ces deux choses peuvent bien s’accorder ensemble: c’était une preuve d’obéissance quand ils ont reconnu qu’ils avaient été châtiés par la main de Dieu et qu’ils étaient ainsi volontairement soumis jusqu’à la fin des soixante-dix ans. Mais leur espoir, comme je viens de l'observer, était de rester en suspens, afin qu'ils ne soient pas agités de mécontentement, ni emportés par quelque sentiment violent, mais qu'ils puissent passer leur temps de manière à supporter leur exil en de manière à plaire à Dieu; car il y avait un espoir certain de retour, à condition qu’ils attendent, selon la volonté de Dieu, la fin des soixante-dix ans. C'est donc ce sujet dont parle maintenant Jérémie, quand il dit: Construisez des maisons et habitez-les; plantez des vignes et mangez de leurs fruits Car tout ce discours doit être renvoyé au temps de l'exil, celui-ci ayant parlé d'avance de leur retour; et nous verrons cela à sa place.

Mais les Juifs n'auraient pu espérer rien de bon, sauf s'ils étaient assez résignés pour supporter leur correction, et prouvaient ainsi vraiment qu'ils ne rejetaient pas le châtiment qui leur était infligé.

Nous voyons maintenant que Jérémie n'a pas encouragé les Juifs à se livrer aux plaisirs, ni les a persuadés de s'installer pour toujours en Chaldée. C'était, en effet, une terre fertile et agréable; mais il ne les encourageait pas à y vivre dans le plaisir, à se faire plaisir et à oublier leur patrie; nullement: mais il a confiné ce qu'il a dit au temps de la captivité, à la fin des soixante-dix ans. Pendant ce temps-là, il souhaitait donc qu'ils jouissent de la terre de Chaldée et de tous ses avantages, comme s'ils n'étaient pas des exilés mais des indigènes du lieu. Dans quel but? non pour s'abandonner à la paresse, mais pour ne pas, en soulevant des troubles, offenser Dieu et se refermer en quelque sorte contre eux-mêmes la porte de sa grâce, car le temps qu'il avait fixé était à prévoir. Car, lorsque nous sommes poussés la tête la première par un désir véhément, nous repoussons en quelque sorte la faveur de Dieu; nous ne le laissons pas alors agir comme il le devient: et quand nous lui enlevons ses droits et sa volonté, c'est comme si nous ne voulions pas recevoir sa grâce. Cela aurait été le cas, s'ils n'avaient pas enduré tranquillement et résigné leur calamité en Chaldée jusqu'à la fin du temps qui avait été fixé par Dieu.

Nous percevons maintenant que le message du Prophète se référait uniquement au temps de l’exil; et nous percevons aussi quel en était le dessein, même de les rendre obéissants à Dieu, afin qu’ils puissent ainsi montrer par leur patience qu’ils étaient vraiment pénitents, et qu’ils n’attendaient aussi un retour que par la seule faveur de Dieu.

Continue après la publicité
Continue après la publicité