5. Le Seigneur est la part de mon héritage. Ici, le psalmiste explique plus clairement ses sentiments. Il montre la raison pour laquelle il se sépare des idolâtres et se résout à continuer dans l'Église de Dieu, pourquoi il évite, avec horreur, toute participation à leurs erreurs, et s'attache au pur culte de Dieu; à savoir, parce qu'il repose dans le seul vrai Dieu comme sa part. L'agitation malheureuse de ces idolâtres aveugles (320) que nous voyons s'égarer, et courir comme frappés et poussés par la folie, est sans doute à dénuement de la vraie connaissance de Dieu. Tous ceux qui n'ont pas leur fondement et leur confiance en Dieu doivent nécessairement être souvent dans un état d'irrésolution et d'incertitude; et ceux qui ne détiennent pas la vraie foi de manière à être guidés et gouvernés par elle, doivent souvent être emportés par les flots débordants d'erreurs qui prévalent dans le monde. (321) Ce passage nous enseigne que nul n'est enseigné correctement dans la vraie piété sauf ceux qui considèrent que Dieu seul suffit à leur bonheur. David, en appelant Dieu la part de son sort, et son héritage, et sa coupe, proteste qu'il est si pleinement satisfait de lui seul, qu'il ne convoite rien d'autre que lui, ni n'est excité par des désirs dépravés. Apprenons donc, lorsque Dieu s'offre à nous, à l'embrasser de tout son cœur, et à ne chercher en lui que tous les ingrédients et la plénitude de notre bonheur. Toutes les superstitions qui ont jamais prévalu dans le monde sont sans doute issues de cette source, que les hommes superstitieux ne se sont pas contentés de posséder Dieu seul. Mais nous ne le possédons pas réellement à moins qu '«il soit la part de notre héritage»; en d'autres termes, à moins que nous ne lui soyons entièrement dévoués, pour ne plus avoir le désir infidèle de nous en éloigner. Pour cette raison, Dieu, quand il reproche aux Juifs qui s'étaient éloignés de lui comme apostats, (322) d'avoir couru après les idoles, s'adresse à eux ainsi: " Qu'ils soient ton héritage et ta part. Par ces mots, il montre que si nous ne le considérons pas seul comme une portion tout-suffisante pour nous, et si nous aurons des idoles avec lui, (323) il leur cède entièrement la place et leur laisse la pleine possession de nos cœurs. David emploie ici trois métaphores; il compare d'abord Dieu à un héritage; deuxièmement, à une tasse; et, troisièmement, il le représente comme Celui qui le défend et le garde en possession de son héritage. Par la première métaphore, il fait allusion aux héritages du pays de Canaan, dont nous savons qu'ils étaient divisés entre les Juifs par nomination divine, et la loi ordonnait à chacun de se contenter de la part qui lui était tombée. Par le mot cup on désigne soit le revenu de son propre héritage, soit par synecdoche, nourriture ordinaire par laquelle la vie est soutenue, car la boisson fait partie de notre nourriture. (324) C'est comme si David avait dit, Dieu est à moi à la fois en ce qui concerne la propriété et la jouissance. La troisième comparaison n'est pas non plus superflue. Il arrive souvent que les propriétaires légitimes soient mis hors de leur possession parce que personne ne les défend. Mais tandis que Dieu s'est donné à nous en héritage, il s'est engagé à exercer son pouvoir pour nous maintenir dans la jouissance sûre d'un bien si inconcevablement grand. Il ne nous serait guère avantageux de l'avoir une fois obtenu comme le nôtre, s'il ne nous assurait pas la possession de lui contre les assauts que Satan nous fait quotidiennement. Certains expliquent la troisième clause comme si elle avait été dite: Tu es mon terrain dans lequel se situe ma part; mais ce sens me paraît froid et insatisfaisant.

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