Diras-tu encore , ou diras- tu alors, devant celui qui te tue, je suis Dieu ? Rien ne peut être plus finement exprimé que ceci : le prince de Tyre se croyait, comme un dieu, aussi invincible, comme à l'abri de tout mal ; Dieu donc, par son prophète, lui demande ici s'il aurait ces pensées orgueilleuses, s'il se considérerait comme un dieu, lorsqu'il se retrouverait au pouvoir de son ennemi, sur le point d'être tué. La question est des plus acérées et des plus tranchantes : elle met la folie de son insolent orgueil sous le jour le plus fort ; car assurément il ne pouvait pas se vanter d'être un dieu, quand il devait tomber par l'épée d'un homme ; et quelles que soient les pensées orgueilleuses qu'il avait maintenant de lui-même, elles seraient certainement changées quand il verrait l'épée de son ennemi levée pour le tuer.

Ainsi Plutarque nous dit d'Alexandre, qu'« il affecta en vain de passer pour le fils de Jupiter, et ensuite en honneur de Bacchus et d'Hercule : pourtant, lorsqu'il vit couler le sang d'une blessure qu'il avait reçue, ce qui lui donna en même temps beaucoup de douleur, il avoua que ce n'était pas un sang comme Homère le disait, issu des dieux immortels. Lib. 2, De Alexandri fortuna. Tout ce chapitre, ainsi que le précédent, est extrêmement fin, à la fois quant au style et à la composition.

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