Amnon était si vexé qu'il tomba malade... Il est naturel de penser que la passion de l'amour n'est nulle part aussi gaspilleuse et vexatoire que là où elle est illégale. Un sentiment rapide de culpabilité, surtout là où il est énorme, comme dans le cas présent, frappe l'âme d'horreur ; et l'impossibilité d'une gratification innocente charge cette horreur de désespoir. Témoin les deux exemples les plus remarquables de ce genre trouvés dans l'histoire ; celui d'Antiochus pour Stratonice sa belle-mère, et celui d'Amnon pour Tamar sa sœur. En effet, celle d'Antiochus paraît la moins criminelle des deux, d'autant qu'il semblait déterminé à cacher sa mort jusqu'à la mort, et en même temps à hâter cette mort pour en empêcher la publication, si la sagacité de son médecin ne l'avait découverte.

Bien qu'Amnon ait peut-être fait de même, l'importunité de son faux et subtil ami Jonadab, fils de Shimeah, le frère de David, n'avait-il pas tiré le secret de lui. Il est lamentable de penser que les héritiers de la royauté, dont la vertu a infiniment plus d'importance que celle des hommes plus méchants, soient encore plus tentés de la souiller par le poison des flatteurs infectieux.

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