Ver. 19. Mais tous les princes ont dit : nous avons juré, etc.Mais ce serment, fait à la légère et sous un faux prétexte, a-t-il donc lié Josué et les Israélites ? I. Certains interprètes compétents pensent que oui ; et leur raison est que Josué n'avait pas été trompé par les Gabaonites sur le point essentiel. Les Gabaonites s'étaient donnés pour étrangers, afin d'obtenir la paix ; mais, comme ils auraient pu l'obtenir, quoique Cananéens, en renonçant à l'idolâtrie et en se soumettant aux Israélites, ce mensonge, disent ces critiques, ne pouvait tromper Josué dans la partie essentielle de sa commission ; de sorte qu'une fois engagé, il fut obligé de tenir parole ; et s'il soumettait les Gabaonites à la servitude, ce n'était que pour punir leur fourberie. De cet avis sont Grotius et Puffendorf. Quelques remarques viennent confirmer ces réflexions. 1. Tous les dirigeants d'Israël se croyaient liés par leur serment. 2. Dieu en punit la violation longtemps après dans la famille de Saül. 3.

Comme il est expressément déclaré que les Gabaonites étaient le seul peuple qui cherchait la paix avec les enfants d'Israël, et comme les autres nations, qui persistaient obstinément à s'opposer à eux, furent pour cette raison détruites sans pitié ; il s'ensuit clairement qu'il n'y avait rien dans les lois divines qui obligeait Josué à détruire les Gabaonites au cas où ils demanderaient la paix ; par conséquent, rien qui pût le dispenser de préserver leur vie, après s'y être engagé par serment. Voir Calmet. II. D'autres casuistes, au contraire, sont d'avis que, comme Josué, trompé par les Gabaonites, leur avait promis, sous serment, une chose qu'il ne pouvait ni promettre ni accomplir, à savoir. pour sauver leur vie, ce serment était donc invalide. Ces savants conçoivent que les commandements de Dieu, concernant la destruction des Cananéens, autorisé sans exception; que les sept nations devaient être détruites sans pitié, qu'elles se soumettent ou non ; par conséquent, que Josué, informé que les Gabaonites étaient de Canaan, ne pouvait ni ne devait tenir le serment qu'il avait trop légèrement fait de les conserver ; et que s'il considérait ce serment, c'était sans doute parce que Dieu l'avait ratifié par quelque acte apparent, dont l'Écriture, qui omet fréquemment des circonstances particulières, ne fait aucune mention.

Voir le synopsis de Poole, et la note de Barbeyrac sur la loi de la nature et des nations de Puffendorf, b. iv. c. 2. sect. 7. III. Comme nous avons embrassé l'opinion de ces interprètes et théologiens, qui pensent que Dieu avait donné l'ordre d'épargner ceux parmi les Cananéens qui devraient renoncer à l'idolâtrie et se soumettre au gouvernement d'Israël, nous ne pouvons souscrire à la décision de Grotius. Il ne faut cependant pas passer sous silence la manière dont toute cette affaire a été énoncée par un critique avisé. 

Après avoir montré que le peuple d'Israël ne pouvait conclure aucune alliance avec les Gabaonites en pleine forme ; qu'il traitait littéralement avec leurs ambassadeurs ; qu'il s'engageait de la manière la plus sacrée à épargner toute la nation ; que ces paroles contenaient un engagement formel de ne pas leur faire la guerre ; et, par conséquent, qu'il est dit avec raison qu'il était mal placé, de s'obliger par serment à faire pour eux ce qu'il ne pouvait faire, sans se rendre coupable d'une violation expresse des ordres qu'il avait reçus de Dieu ; mais que la fraude des Gabaonites ayant été découverte, Josué leur représenta que ses ordres signifiaient expressément qu'il devait détruire toutes les nations cananéennes, si elles refusaient de se soumettre à la religion et aux lois d'Israël ; qu'ils l'avaient pris par surprise, en feignant faussement d'être ce qu'ils n'étaient pas ; et qu'il était de son devoir de les détruire ; que, néanmoins, il leur proposerait un expédient pour leur sauver la vie, qui était, non seulement de recevoir les lois civiles et religieuses des Hébreux, mais encore de se résoudre à être à jamais employéen coupant du bois et en puisant de l'eau pour toute l'assemblée, en punition de leur perfidie ; que, quelque dure que fût cette condition, ils préféraient l'accepter plutôt que de mourir ; que Dieu accepta ce second traité, comme conforme aux ordres qu'il avait émis contre les Cananéens ; et que par ce moyen Josué se tira avec bonheur du dilemme dans lequel il était tombé, avec les princes d'Israël. Voir la connexion de Shuckford, vol. iii. p. 372, &c.

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