' Or Jésus se tenait devant le gouverneur, et le gouverneur l'interrogea en disant : " Es-tu le roi des Juifs ? " Et Jésus lui dit : « C'est toi qui dis »

Il est précisé ici dans quelles conditions les prêtres en chef et les anciens ont porté leur charge. C'est sur la base qu'Il prétend être « le Roi des Juifs ». C'était le genre de revendication qui intéresserait Pilate, une accusation politique de trahison potentielle. Comme nous l'avons déjà vu, il est parallèle au titre donné par les mages dans Matthieu 2:2 .

Voir aussi Matthieu 27:29 ; Matthieu 27:37 qui révèlent quel impact ce titre a eu sur lui. Le peuple d'Israël ne parlait pas d'eux-mêmes en tant que « juifs ». Ils étaient « juifs » pour les étrangers. Mais le titre porte en lui l'idée de l'Attendu vu du point de vue des Gentils. Il portait donc en lui intrinsèquement une menace pour l'ordre public et la paix du royaume.

Ainsi, lorsque Pilate demande à Jésus s'il est, comme ses accusateurs l'ont affirmé, le Roi des Juifs, sa réponse est à nouveau : « C'est vous qui l'avez dit » (cf. Matthieu 26:64 ). Une fois de plus, ce n'est pas un déni mais une indication qu'Il est déformé. Il est en un sens le Roi des Juifs, mais pas au sens où ses accusateurs ont utilisé le terme.

Dans Jean 18:34 il le dit ainsi, 'dites-vous cela de votre propre chef, ou d'autres vous l'ont-ils dit à mon sujet?' La manière calme dont Jésus répond porte en elle sa propre indication d'innocence. Pilate se serait attendu à un démenti véhément, ou à un accord belliqueux et hargneux. Ce qu'il n'attendait pas de ce personnage à l'allure attachée et peu recommandable (rendu peu recommandable par le traitement qu'il avait reçu) était une réponse raisonnée.

'Le gouverneur.' Pilate était strictement un Praefectus (en témoigne une inscription qui a été découverte), un militaire chargé de superviser le fonctionnement d'un État où l'on pouvait s'attendre à des problèmes. Il lui incombait de superviser le gouvernement de l'État et de maintenir son état pacifique sans nécessairement être lui-même directement impliqué dans sa gestion continue. Tant que la paix était maintenue et que les impôts étaient payés, ils pouvaient se débrouiller seuls, sauf lorsqu'il jugeait nécessaire d'intervenir.

Cependant, toutes les décisions importantes étaient entre ses mains, en particulier les décisions concernant la trahison, et il pouvait les traiter presque comme il le ferait, tant qu'il maintenait la paix. C'était donc une décision qui dépendait beaucoup de lui. Mais il devait d'abord s'assurer de la nature de l'accusation. Et bien qu'extérieurement cela paraisse assez simple (Jésus s'érigeait en roi), il était clair pour lui qu'aucune des deux parties ne disait tout à fait ce qu'il aurait normalement compris par l'accusation.

D'une part, il était clair que les dirigeants des Juifs avaient des motifs religieux pour leur action, et d'autre part, il n'y avait rien chez Jésus qui suggérait le révolutionnaire. De plus, il doit avoir eu des renseignements antérieurs sur Jésus. Ce qui s'était passé à Jérusalem n'aurait pas été totalement ignoré par ses espions et informateurs, et il avait de bonnes raisons de savoir que Jésus n'était pas un insurrectionnel. Ainsi, il était déconcerté, et pourtant très impressionné par Jésus.

Mais c'était un homme sur le fil du couteau. Alors qu'il n'aimait pas les dirigeants juifs et les méprisait, il y avait d'autre part le triste fait que certaines plaintes étaient allées à Tibère César à son sujet dans un passé pas trop lointain, de sorte qu'il avait assez récemment subi une réprimande de la part de César. Ainsi, alors qu'il ne voulait pas nécessairement faire ce que les Juifs lui demandaient à moins qu'ils ne puissent démontrer leur cas, et qu'il aurait en effet pris un certain plaisir à les contrecarrer, il savait qu'il ne pouvait pas se permettre d'avoir une autre plainte contre lui sur un matière douteuse.

Et son problème était encore accru par le refus de Jésus de se défendre ouvertement. La coutume romaine mettait beaucoup l'accent sur le droit d'un homme à se défendre, et son silence lui présentait ainsi une autre difficulté. Car même s'il pouvait voir que le prisonnier n'était en rien ce qu'il était décrit comme tel, cela ne serait évident dans aucun rapport parvenant à César. Tout ce que cela dirait, c'est que le prisonnier n'avait offert aucune défense. La conclusion serait évidente. Cela explique l'attitude ambivalente qu'il affiche.

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