L'un sera pris, et l'autre sera laissé

L'un pris et l'autre laissé

Tout grand acte de Dieu a pour effet de diviser, de séparer et de juger les hommes.

Si grandes sont les diversités parmi les hommes, si divers leurs caractères, si divers par nature, et si infiniment variés par l'éducation et l'habitude, que, quand Dieu agit devant eux d'une manière grande ou signalée, aussitôt ceux qui semblaient se ressembler beaucoup, se révèlent vraiment très différents. La miséricorde qui est un baume pour quelqu'un est un poison pour son prochain ; l'épreuve, qui pour l'un est facile et simple, est pour son voisin la destruction et le malheur inévitable.

Être né dans un pays chrétien, être le fils de parents prudents et pieux, être baptisé dans la petite enfance, être formé à la connaissance de Dieu, avoir des capacités naturelles, avoir une éducation, avoir un rang ou une richesse, tout ces choses ont pour effet de diviser les hommes et d'éprouver leurs cœurs. Pour ceux qui sont obéissants et s'efforcent de plaire à Dieu, toutes ces choses sont de grandes bénédictions, des cadeaux de choix de Dieu.

Chacun d'eux permet à un homme de rendre un meilleur service à Dieu, de mieux lui plaire, de faire plus de bien et d'atteindre de plus hauts niveaux de sainteté et de bonheur. Mais pour les désobéissants, ils sont tous autant de chutes. Chacune de ces choses fait ressortir davantage, et rend plus visible et désespérée la désobéissance intérieure ; chacun d'eux présente de manière plus frappante l'esprit de rébellion intérieure qui, sans ces choses, aurait pu être relativement invisible.

La maladie nous éprouve ; la santé nous éprouve ; chaque jour, à mesure qu'il passe, nous éprouve d'innombrables manières ; essaie et nous forme; essaie ce que nous sommes maintenant, et essaie si nous serons meilleurs; fournit matière à notre jugement et nous donne les moyens de nous améliorer, afin que le jugement ne soit pas notre ruine. Et ainsi nous continuons à être éprouvés, équilibrés, passés au crible et fouillés, des milliers de fois, bien plus que ce que nous supposons ou concevons, chaque jour de notre vie.

Nous pensons aux grandes épreuves, mais les petites, auxquelles nous ne pensons pas, nous éprouvent encore plus. Il est très visible que, dans le récit donné du jour du jugement par notre Seigneur dans l'évangile de saint Matthieu, le sort des justes et des méchants dépend de motifs tout à fait inattendus pour chacun. Ils sont également représentés comme s'écriant, dans l'étonnement et la surprise : « Seigneur, quand t'avons-nous vu avoir faim, ou avoir soif, ou un étranger, ou nu, ou malade, ou en prison ? » Pleins de peurs, sans doute, et d'espoirs sur des choses dont ils se souviennent, rien ne doutant que tel ou tel grand acte (comme ils le pensent), soit celui sur lequel tout doit tourner, pour le bonheur ou le malheur, ils semblent également frappés d'étonnement de découvrir ces choses qu'ils ont complètement oubliées, qu'ils n'ont ni observées quand elles se sont produites, ni ne peuvent se souvenir depuis,

« Seigneur, quand t'avons-nous vu affamé, assoiffé, malade, ou en prison, et t'avons-nous servi ou ne t'avons pas servi ? » ceci, dis-je, est l'une des choses frappantes révélées de cette terrible époque. Et une autre est, la modification que ce jour-là fera ; quand le dernier sera le premier, et le premier le dernier ; quand non seulement les rangs de la terre seront inversés dans de nombreux cas, mais quand les estimations de la terre seront entièrement erronées ; des saints apparents prenant leur place parmi les hypocrites partant pour le feu éternel ; publicains et pécheurs, purifiés par le repentir, leurs robes lavées dans le sang de l'Agneau, entrant, parmi les bienheureux, dans la joie de leur Seigneur.

Et le texte nous enseigne une troisième leçon encore différente ; comment ceux qui ont été côte à côte sur la terre, pareillement en condition, en opportunité et en encouragement, à toute vue humaine très semblables dans l'esprit ou le caractère ; un peu différent, peut-être, d'un sérieux apparent et d'un accomplissement spirituel, se trouvera alors, l'un sur la main droite, et l'autre sur la main gauche ; un être pris, pris de joie, enlevé pour rencontrer le Seigneur dans les airs, afin d'être toujours avec Lui ; et l'autre gauche, au malheur et au désespoir pour toujours.

Enfants d'une même famille, élevés et instruits, qui ont appris à dire les mêmes prières infantiles, ont connu les mêmes amis, lu les mêmes livres, aimé les mêmes plaisirs ; si l'un est sérieux dans ses prières, et, dans son obéissance secrète, sert Dieu fidèlement, et que l'autre persiste dans l'infidélité et la désobéissance, - n'en sera-t-il pas certainement ainsi avec eux, que l'un sera pris ce jour-là, et le autre gauche? Que ferons-nous alors ? Avec cette réalité d'épreuve sur nous, et cette réalité de jugement devant nous, l'une plus scrutatrice que nous ne pouvons le retracer, l'autre susceptible d'être plus inattendue que nous ne pouvons le prévoir, comment allons-nous marcher pour être en sécurité ? comment traverser le présent procès, comment affronter le futur jugement ? Simplement en nous tournant de tout notre cœur et de toute notre âme vers nos devoirs et nos prières.

Nous n'avons besoin d'aucune excitation particulière de l'esprit, ni d'aucune lueur particulière des sentiments ; nous voulons être sérieux, et le bon Esprit de notre Dieu, par lequel nous avons été scellés dans le baptême jusqu'au jour de notre rédemption, nous aidera à notre sécurité. ( Mgr Moberly. )

La grande division

1. Le sens du texte étant établi, il nous reste à nous demander quelles sont les leçons qu'il est destiné à nous enseigner. Lorsqu'il est considéré par rapport à son contexte, il devient clair que l'intention première du passage est de désigner la soudaineté avec laquelle le jour du Seigneur viendra sur les habitants de la terre. « De ce jour et de cette heure personne ne connaît, non, pas les anges du ciel, mais mon Père seul.

” Il n'y aura aucun arrêt ou changement perceptible dans le courant des affaires humaines pour nous avertir de sa venue. Les hommes seront engagés jusqu'au dernier dans les occupations ordinaires de la vie, « comme aux jours de Noé » et « comme aux jours de Lot », « à manger et à boire, à se marier et à donner en mariage ». Le partage grand et final du bien et du mal ne sera pas non plus précédé ou préfiguré par une séparation partielle et graduelle. Les hommes et les femmes seront unis dans leurs tâches quotidiennes, et même dans les rapports les plus familiers de la vie domestique, entre lesquels il y aura un grand gouffre en ce jour-là.

2. Il y a une autre leçon qui peut être tirée du texte, et qu'il est aussi sans aucun doute destiné à transmettre. C'en est une qui est exposée plus ou moins clairement dans d'autres passages de la Sainte Écriture. Les enfants de ce monde et les enfants de la lumière ne peuvent être absolument distingués, tant que nous voyons à travers un verre, sombrement. Notre estimation du caractère d'autrui n'est après tout rien de mieux qu'une inférence à partir de phénomènes, et nos pouvoirs d'inférence sont au moins aussi faillibles en cela qu'en toute autre matière. Les amitiés les plus chaleureuses, les liens les plus attachants, ne peuvent nous fournir aucune garantie indubitable que ceux avec qui nous sommes ainsi extérieurement unis sont à la fois presque et tout à fait tels que nous sommes.

3. Il y a, cependant, une troisième inférence à laquelle nous sommes naturellement conduits par les mots dont nous sommes saisis, et sur laquelle je désire particulièrement attirer votre attention à présent. Si étroitement et sans distinction les hommes soient mêlés dans ce monde, si diverses, minuscules et délicates soient les nuances de caractère par lesquelles ils sont individuellement différenciés, si désespérée que cela puisse paraître, je ne dirai pas pour l'homme, mais pour la Sagesse Absolue et l'Absolu. Justice, pour tracer une ligne large entre les enfants de ce monde et les enfants de lumière, le texte semble impliquer, ce qu'on nous enseigne ailleurs, qu'ils seront finalement divisés en deux et seulement deux classes.

Mais je pense que le texte va au-delà, en tout cas sous forme d'implication. Car non seulement cela nous dit qu'une ligne aussi nette que celle que j'ai décrite sera finalement tracée entre le mal et le bien, mais cela semble aussi nous dire que la ligne existe déjà, bien que nous puissions être incapables de la discerner. Car dans la mesure où il représente le jour du jugement comme venant sur des hommes non préparés, les découvrant au milieu de leurs occupations quotidiennes, trouvant des personnes des caractères les plus opposés unis dans les rapports les plus étroits sans soupçonner leur incompatibilité, et puis immédiatement attribuant à chacun son châtiment éternel ; n'est-il pas raisonnable de déduire que les motifs de cette sentence existent déjà, bien qu'ils ne soient pas dans tous les cas connus par nous ? À ce stade, cependant, nous sommes confrontés à une difficulté.

Notre expérience du monde et de la vie humaine semble nous enseigner une leçon différente. Sans aucun doute, il y a des hommes bons et il y a des hommes mauvais sur la surface de la terre, des hommes bons qui sont reconnus comme tels même par ceux qui sont loin d'être, et des hommes mauvais qui sont reconnus pour l'être même par eux-mêmes. Mais la grande masse de l'humanité semble appartenir à un corps intermédiaire et indifférent, composé de ceux qui ne sont ni saints ni réprouvés, ni dignes de la vie éternelle ni dignes de la mort éternelle.

Plus le monde dure, plus les évolutions de la société se compliquent, plus cela semble être le cas. La confusion visible du monde moral ne peut servir qu'à couvrir une ligne de démarcation claire et bien définie. Et, autant, d'une part, qui est extérieurement et matériellement honnête, et juste, et pur, et beau, et de bonne réputation, lorsqu'on la remonterait à sa véritable source se trouverait être de la terre, terreuse ; nous devons donc nous rappeler que « le Seigneur connaît ceux qui sont à lui » ; que, « le royaume de Dieu », qui « est en nous », « ne vient pas avec observation » ; et que comme « le vent souffle où il veut, et tu en entends le bruit, mais tu ne peux pas dire d'où il vient, ni où il va ; il en est de même de l'événement qui est né de l'Esprit.

» Mais nous ferions bien de nous souvenir, en outre, que nous voyons des hommes ordinairement dans un état transitoire et sous-développé. Le bien ou le mal qui s'y trouve n'a peut-être pas eu le temps d'atteindre son point culminant, ou peut être éclipsé par de vieilles habitudes qui pèsent sur un homme comme des parasites, mais dont on peut difficilement dire qu'elles font partie de lui-même. . Mais à mesure que la probation de chaque homme touche à sa fin, il se peut que son caractère soit tout à fait simplifié et stéréotypé.

C'est alors que sort le terrible décret : « Que l'injuste soit encore injuste. La simple expérience, alors, ne peut rien décider contre l'enseignement de l'Écriture sainte sur ce point, bien qu'elle ne puisse pas réellement le confirmer. D'un autre côté, il est digne d'observation qu'un grand penseur, dont le nom marque une ère dans l'histoire de la philosophie moderne, en s'efforçant de formuler un système religieux a priori, a été conduit à un résultat tout à fait coïncidant avec la doctrine considérée. .

Après avoir posé les deux questions suivantes : d'abord, l'homme ne peut-il être ni bon ni mauvais ? et puis, l'homme peut-il être en partie bon et en partie mauvais ? il se prononce contre le premier, en opposition (comme il l'avoue) aux préceptes prima facie de l'expérience, au motif que la neutralité morale dans tout acte volontaire est une conception impossible ; et il dispose de ce dernier en observant qu'aucun acte n'a de valeur morale intrinsèque, à moins qu'il ne résulte d'une adoption délibérée de la loi morale comme principe universel d'action.

J'ai cité le témoignage de cet écrivain principalement parce qu'il ne peut être accusé d'aucune partialité indue envers les particularités distinctives du système chrétien. Mais il n'est pas difficile de traduire ses arguments en langage scripturaire. Car, d'une part, c'est notre Seigneur Lui-même qui propose le dilemme : « Ou bien rends l'arbre bon et son fruit bon ; ou bien corrompre l'arbre et corrompre son fruit » : et, de l'autre, son apôtre nous dit que « quiconque garde toute la loi, et pourtant offense sur un point, il est coupable de tous ». ( WB Jones, MA )

Souveraineté divine dans la mort des hommes

I. CE QUI EST IMPLICITE DANS L'ACTION DE DIEU EN TANT QUE SOUVERAIN.

1. Son action en tant que souverain implique qu'il agit toujours selon le conseil de sa propre volonté, sans consulter la volonté, le plaisir ou le conseil d'aucun autre être.

2. Son action en tant que souverain implique qu'il agit toujours non seulement sans le conseil, mais sans le contrôle, d'aucun être créé.

II. A QUELQUES RESPECTS IL AGIT COMME UN SOUVERAIN EN SUPPRIMANT LA VIE DES HOMMES. Ici, il peut être observé--

1. Qu'il agit en souverain en ce qui concerne la fixation du moment de la mort de chacun.

2. Dieu agit en souverain en déterminant non seulement le moment, mais le lieu de la mort de chacun.

3. Dieu agit en souverain en ce qui concerne les moyens de mort.

4. Dieu agit en souverain en ce qui concerne les circonstances de la mort. Il en prend un et en laisse un autre, dans les mêmes circonstances. Il en prend un et en laisse un autre, selon l'ordre dans lequel il lui a plu de placer leurs noms dans la commission de mort, sans tenir compte de toutes circonstances ou distinctions extérieures.

5. Dieu agit en souverain en appelant les hommes à sortir du monde, qu'ils veuillent ou non le quitter.

6. Dieu affiche sa terrible souveraineté en appelant les hommes hors du temps dans l'éternité, qu'ils soient prêts ou non à aller dans leur longue demeure.

III. POURQUOI DIEU AGIT EN SOUVERAIN DANS CE CAS TRÈS IMPORTANT. Plusieurs raisons simples et pertinentes peuvent être évoquées.

1. Parce qu'il a le droit indépendant d'agir en tant que souverain en ôtant la vie aux hommes. Il est le premier de leurs corps et le Père de leurs esprits. En Lui, ils vivent, se meuvent et ont leur être.

2. Dieu agit en souverain dans l'article de la mort, parce qu'il sait seulement quand et où mettre un terme à la vie humaine.

3. Une autre raison pour laquelle Dieu dispose de la vie des hommes comme un souverain, à tous les égards qui ont été mentionnés, c'est parce qu'il a l'obligation morale indispensable de disposer de ses propres créatures de la manière la plus sage et la meilleure.

Application:

1. Si Dieu agit en souverain en ôtant la vie aux hommes, alors les personnes âgées ont de grandes raisons de remercier pour la continuation de la vie.

2. Si Dieu agit en souverain en ôtant la vie des hommes, alors ils doivent maintenir un sentiment constant et conscient que leur vie est incertaine.

3. Si Dieu agit en souverain en ôtant la vie aux hommes, alors ils doivent éviter toute conduite qui tend à étourdir leur esprit et à créer une insensibilité à l'incertitude de la vie.

4. Si Dieu agit comme un souverain en ôtant la vie des hommes, alors il n'est pas étrange qu'il cause tant de morts soudaines et inattendues.

5. Il ressort de ce qui a été dit qu'il existe un fondement solide pour la soumission la plus cordiale et sans réserve sous les deuils les plus lourds. Ils viennent de la main et du cœur d'un souverain saint, sage et bienveillant, qui a le droit d'en prendre un et d'en laisser un autre, et qui n'afflige jamais volontairement ni n'afflige les enfants des hommes. ( N. Emmons, DD )

Séparation éternelle

Le révérend Dr Witherspoon, ancien président du Princeton College, en Amérique, était autrefois à bord d'un paquebot, où, parmi d'autres passagers, se trouvait un athée déclaré. Ce malheureux aimait beaucoup à troubler tout le monde avec sa croyance particulière, et à aborder le sujet aussi souvent qu'il pouvait se faire entendre. Il ne croyait pas en un Dieu et un état futur, pas lui ! Peu à peu survint une terrible tempête, et la perspective était que tout serait noyé.

Il y avait beaucoup de consternation à bord, mais pas un n'était aussi effrayé que le prétendu athée. Dans cette extrémité, il chercha l'ecclésiastique, et le trouva dans la cabine, calme et recueilli au milieu du danger, et lui adressa ainsi la parole : « Oh, docteur Witherspoon ! Docteur Witherspoon ! nous allons tous; nous n'avons que peu de temps pour rester. Oh comme le navire bascule ! On y va tous ! Ne pensez-vous pas que nous le sommes, docteur ? Le docteur se tourna vers lui avec un regard solennel et répondit dans un large écossais : mais toi et moi on ne se ligue pas de la même manière. ( W. Baxendale. )

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