De la grandeur et de l'excellence de la grâce, il tire une exhortation, qu'il leur appartenait certainement plus facilement de recevoir la grâce de Dieu, d'autant plus qu'il la leur accordait avec générosité. Et nous devons remarquer le lien: il avait dit que le royaume du Christ était si élevé, auquel l'Évangile nous appelle, que même les anges du ciel désirent le voir; que devons-nous donc faire nous qui sommes dans le monde? Sans doute, tant que nous vivons sur la terre, la distance entre nous et le Christ est si grande, qu'en vain il nous invite à lui-même. Il nous est donc nécessaire de rejeter l'image d'Adam et de rejeter le monde entier et toutes les entraves, afin que, étant ainsi libérés, nous puissions nous élever vers le Christ. Et il exhortait ceux à qui il écrivait à être préparés et sobres, à espérer les grâces qui leur étaient offertes, à renoncer aussi au monde et à leur vie antérieure et à se conformer à la volonté de Dieu. (15)

Ensuite, la première partie de l'exhortation est de ceindre les reins de leur esprit et de diriger leurs pensées vers l'espérance de la grâce qui leur est présentée. Dans la deuxième partie, il prescrit la manière selon laquelle, ayant changé d'avis, ils devaient être formés à l'image de Dieu.

13 C'est pourquoi ceignez les reins de votre esprit C'est une similitude tirée d'une ancienne coutume ; car quand ils avaient de longs vêtements, ils ne pouvaient pas faire un voyage, ni faire un travail convenable, sans être ceints. D'où ces expressions, se ceindre pour un travail ou une entreprise. Il leur demande alors de supprimer tous les obstacles, afin que, étant mis en liberté, ils puissent aller vers Dieu. Ceux qui philosopher avec plus de raffinement sur les reins, comme s'il commandait de contenir et de contrôler les convoitises, s'écartent du sens réel de l'apôtre, car ces mots ont la même signification que ceux du Christ,

"Laissez vos reins être ceints et allumez des lampes dans vos mains,"
(
Luc 12:35,)

sauf que Pierre double la métaphore en attribuant des reins à l'esprit. Et il laisse entendre que nos esprits sont empêtrés par les soucis passants du monde et par de vains désirs, de sorte qu'ils ne s'élèvent pas vers Dieu. Quiconque souhaite donc vraiment avoir cette espérance, qu'il apprenne en premier lieu à se dégager du monde, et ceint son esprit pour qu'il ne se détourne pas de vaines affections. Et dans le même but, il enjoint la sobriété, qui suit immédiatement; car il ne recommande pas la tempérance seulement en mangeant et en buvant, mais plutôt la sobriété spirituelle, quand toutes nos pensées et nos affections sont maintenues de manière à ne pas être enivrées des séductions de ce monde. Car puisque même le moindre goût d'entre eux nous éloigne furtivement de Dieu, quand on s'y plonge, il doit nécessairement devenir somnolent et stupide, et il oublie Dieu et les choses de Dieu.

Espérons jusqu'à la fin, ou, Espérons parfaitement . Il laisse entendre que ceux qui se sont laissés aller à la vanité n'ont pas vraiment et sincèrement espéré la grâce de Dieu; car s'ils avaient quelque espoir, alors qu'ils hésitaient et étaient ballottés dans le monde, il n'y avait aucune solidité dans leur espérance. Puis il dit, pour la grâce qui vous sera apportée, afin qu'ils soient plus prompt à la recevoir. Dieu doit être recherché, bien que loin; mais il vient de sa propre volonté pour nous rencontrer. Quelle doit donc être notre ingratitude si nous négligeons la grâce qui nous est ainsi présentée! Cette amplification vise donc surtout à stimuler notre espérance.

Ce qu'il ajoute, À la révélation de Jésus-Christ, peut s'expliquer de deux manières: que la doctrine de l'Évangile nous révèle le Christ; et que, comme nous ne le voyons encore qu'à travers un miroir et de manière énigmatique, une révélation complète est reportée au dernier jour. Le premier sens est approuvé par Erasmus, et je ne le rejette pas non plus. Le second semble cependant être plus adapté au passage. Car l'objet de Pierre était de nous appeler au-delà du monde; à cette fin, la chose la plus appropriée était le souvenir de la venue du Christ. Car lorsque nous tournons nos yeux vers cet événement, ce monde devient crucifié pour nous et nous pour le monde. D'ailleurs, selon ce sens, Peter a utilisé l'expression peu avant. Il n'est pas non plus nouveau pour les apôtres d'employer la préposition ἐν au sens de εἰς. Ainsi donc, j'explique le passage: «Vous n'avez pas besoin de faire un long voyage pour atteindre la grâce de Dieu; car Dieu vous attend; dans la mesure où il vous l’apporte. Mais comme il ne se réalisera que lorsque le Christ apparaîtra du ciel, en qui est caché le salut des pieux, il y a besoin, en attendant, d'espérance; car la grâce du Christ nous est maintenant offerte en vain, à moins que nous n'attendions patiemment la venue du Christ.

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