1. Et Moïse est parti. des plaines de Moab. On ne sait pas vraiment qui a écrit ce chapitre; à moins que nous n'admettions la conjecture probable des anciens, que Josué en était l'auteur. Mais puisque le prêtre Éléazar aurait pu remplir cette fonction, il vaudra mieux laisser indécis une question de peu d'importance.

Nous avons dit ailleurs qu'une partie du mont Abarim s'appelait Nebo, comme une autre s'appelait Pisgah, parce qu'il s'agissait de sommets distincts.

Or, l'ascension de Moïse équivalait à une sortie volontaire vers la mort: car il n'ignorait pas ce qui allait se passer, mais étant appelé par Dieu à mourir, il alla à la mort de lui-même. Une telle soumission volontaire ne procède d’aucune autre source que la foi en la grâce de Dieu, par laquelle seule toute terreur est atténuée et mise au repos, et l’amertume de la mort est adoucie. Sans doute pour Moïse, comme pour tous les autres, ce devait être naturellement une chose terrible de mourir; mais dans la mesure où le témoignage de la grâce de Dieu s’interpose, il n’hésite pas à s’offrir sans crainte; et parce qu'il était fermement convaincu que l'héritage du peuple serait là devant ses yeux, il monta joyeusement à l'endroit d'où il devait le voir. Déjà, en effet, par la foi, il avait vu le pays, et la promesse de Dieu en avait été pour ainsi dire une représentation vivante; mais; comme certaines infirmités de la chair restantes entouraient encore les personnes les plus saintes, une vue oculaire n'en était pas une légère consolation, afin d'atténuer l'amertume de sa punition, quand il savait qu'il était empêché d'y entrer réellement par la juste phrase de Dieu.

Quand on dit que Dieu «lui a montré toute la terre», cela n'aurait pas pu être le cas sans un miracle. Car, bien que l'histoire rapporte que certains ont été dotés d'incroyables pouvoirs de vision, de manière à avoir pu voir plus loin que toute la longueur de Canaan; il y a encore une particularité à remarquer dans ce cas, que Moïse en a examiné distinctement chaque partie, comme s'il avait été vraiment sur place. J'admets, en effet, que Nephtali, Éphraïm et Manassé sont mentionnés par anticipation, mais, néanmoins, le Saint-Esprit exprimerait que chaque partie a été montrée à Moïse , comme s'ils étaient proches sous ses pieds. Sinon, la vision n'aurait été que peu satisfaisante et inutile, s'il n'avait pas été autorisé à contempler la future habitation du peuple. Et au même effet est aussi ce qui est ajouté plus tard, que c'était le pays que Dieu a juré de donner à ses serviteurs; car autrement le désir de Moïse n'aurait pas été satisfait, à moins qu'il n'eût vu dans quelle région agréable, fertile et riche les fils d'Abraham allaient habiter.

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