2. Et Abraham a dit de Sarah sa femme . Dans cette histoire, le Saint-Esprit nous présente un exemple remarquable, à la fois de l'infirmité de l'homme et de la grâce de Dieu. C'est un proverbe commun que même les imbéciles deviennent sages en souffrant du mal. Mais Abraham, oubliant le grand danger qui lui était arrivé en Egypte, frappe une fois de plus son pied contre la même pierre; bien que le Seigneur l'ait volontairement châtié, afin que l'avertissement puisse lui être utile, tout au long de sa vie. C'est pourquoi nous percevons, à l'exemple du saint patriarche, avec quelle facilité l'oubli, à la fois des châtiments et des faveurs de Dieu, vole sur nous. Car il est impossible d'excuser sa grave négligence, en ne se rappelant pas qu'il avait une fois tenté Dieu; et qu'il eût été seul à blâmer, si sa femme était devenue la propriété d'un autre homme. Mais si nous nous examinons à fond, on ne trouvera presque personne qui ne reconnaisse pas qu'il a souvent offensé de la même manière. On peut ajouter qu'Abraham n'était pas exempt de l'accusation d'ingratitude; car, s'il avait rejeté le fait que sa femme lui avait été merveilleusement préservée par le Seigneur, il ne se serait plus jamais jeté, sciemment et volontairement, dans un danger semblable. Car il rend la première faveur divinement offerte à lui, autant qu'il le peut, sans effet. Nous devons, cependant, remarquer la nature du péché, sur lequel nous avons déjà touché. Car Abraham n'a pas, pour pourvoir à sa propre sécurité, prostituer sa femme, (comme les hommes impies se moquent.) Mais, comme il avait été auparavant soucieux de préserver sa vie, jusqu'à ce qu'il reçoive la semence divinement promise à lui; alors maintenant, voyant sa femme enceinte, dans l’espoir de jouir d’une si grande bénédiction, il ne pensait plus au danger de sa femme. (428) Par conséquent, si nous pesons complètement toutes choses, il a péché par incrédulité, en attribuant moins qu'il ne le devrait à la providence de Dieu. D'où aussi, nous sommes avertis, combien il est dangereux de faire confiance à nos propres conseils. Car le tempérament d'Abraham est juste, tout en fixant son attention sur la promesse de Dieu; mais dans la mesure où il n’attend pas patiemment l’aide de Dieu, mais se détourne de l’usage de moyens illégaux, il est, à cet égard, digne de censure.

Et Abimelech a envoyé . Il ne fait aucun doute que le Seigneur avait l'intention de punir son serviteur, pour le conseil qu'il avait pris si imprudemment. Et tous reçoivent de tels fruits de méfiance, ceux qui ne comptent pas, comme ils le devraient, sur la providence de Dieu. Des hommes pervers se disputent ce passage; car rien ne leur paraît plus improbable que le fait qu'une vieille femme décrépite soit désirée par le roi et enlevée du sein de son mari. Mais nous répondons, d'abord, que l'on ne sait pas quelle était son apparence, sauf que Moïse auparavant l'a déclarée être une personne d'une beauté singulière. Et il est possible qu'elle n'ait pas été très usée avec l'âge. Car nous voyons souvent des femmes dans leur quarantième année plus ridées que d'autres dans leur soixante-dixième. Mais ici une autre chose doit être considérée, que, par la faveur inhabituelle de Dieu, sa beauté était prééminente parmi ses autres dotations. Il se pourrait aussi que le roi Abimélec fût moins attiré par l'élégance de sa forme, que par les rares vertus dont il la voyait, en matrone, être dotée. Enfin, nous devons nous rappeler que toute cette affaire a été dirigée par la main de Dieu, afin qu'Abraham puisse recevoir la juste récompense de sa folie. Et comme nous constatons que ceux qui sont extrêmement aigus à discerner les causes naturelles des choses, sont encore les plus aveugles en ce qui concerne les jugements divins; que ce seul fait nous suffise, qu'Abimélec, étant ministre pour exécuter le châtiment divin, agissait sous une impulsion secrète.

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