14. Et Abraham s'est levé tôt . Combien douloureuse a été la blessure que l'éjection de son fils premier-né a infligée à l'esprit du saint homme, nous pouvons comprendre de la double consolation avec laquelle Dieu a atténué sa douleur: il envoie son fils dans des bannissements comme s'il déchirait son propres intestins. Mais étant habitué à obéir à Dieu, il soumet l'amour paternel, qu'il ne peut tout à fait rejeter. C'est le vrai test de la foi et de la piété, quand les fidèles sont tellement contraints de se renier eux-mêmes, qu'ils renoncent même aux affections mêmes de leur nature originelle, qui ne sont ni mauvaises ni vicieuses en elles-mêmes, à la volonté de Dieu. Il ne fait aucun doute que, pendant toute la nuit, il avait été secoué par divers soucis; qu'il avait une variété de conflits internes et enduré de graves tourments; pourtant il se leva tôt le matin pour hâter sa séparation d'avec son enfant; car il savait que c'était la volonté de Dieu.

Et j'ai pris du pain et une bouteille d'eau . Moïse laisse entendre non seulement qu'Abraham a confié son fils aux soins de sa mère, mais qu'il a renoncé à son propre droit paternel sur lui; car il fallait que ce fils soit aliéné, afin qu'il ne soit plus considéré comme la postérité d'Abraham. Mais de quelle modeste provision dote-t-il sa femme et son fils? Il place un flacon d'eau et de pain sur son épaule. Pourquoi, au moins, ne charge-t-il pas un âne avec une quantité modérée de nourriture? Pourquoi n'ajoute-t-il pas un de ses serviteurs, dont sa maison contenait beaucoup, comme compagnon? En vérité, soit Dieu ferma les yeux, pour que ce qu'il aurait fait volontiers ne lui vienne pas à l'esprit; ou Abraham a limité sa provision, afin qu'elle ne puisse pas aller loin de sa maison. Car il préférerait sans doute les avoir près de lui, afin de leur apporter l'aide dont ils auraient besoin. Pendant ce temps, Dieu a conçu que le bannissement d'Ismaël soit ainsi sévère et douloureux; afin que, par son exemple, il pût semer la terreur sur les orgueilleux qui, enivrés des présents, foulent aux pieds, dans leur hauteur, la grâce même à laquelle ils sont redevables de toutes choses. Par conséquent, il a amené la mère et l'enfant à un problème pénible. Car après avoir erré dans le désert, l'eau tombe; et la mère s'éloigne de son fils; ce qui était un signe de désespoir. Telle était la récompense de l'orgueil dont ils avaient été vainement gonflés. C'était leur devoir d'embrasser humblement la grâce de Dieu offerte à tous les peuples, en la personne d'Isaac: mais ils rejetaient impie- ment celui que Dieu avait élevé au plus grand honneur. La connaissance des dons de Dieu aurait dû former leur esprit à la modestie. Et parce que rien n'était plus désirable pour eux que de conserver un coin dans la maison d'Abraham, ils n'auraient dû se dérober à aucune sorte de sujétion, au nom d'un si grand bénéfice: Dieu leur impose maintenant le châtiment qu'ils avaient mérité, par leur ingratitude.

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