Le Prophète dénonce ici par une autre similitude la vengeance de Dieu, car il dit que tout serait rempli d'ivresse: mais il lui est d'abord demandé simplement de se mettre devant eux la métaphore, Chaque bouteille , ou flacon, dit-il, doit être rempli de vin Le mot רבל, ubel, désigne une vessie; mais le mot bouteille est plus approprié ici. (75) Les vessies étaient généralement remplies d'eau et de vin dans ces pays, la coutume étant toujours à l'est; comme nous voyons aujourd'hui que l'huile est mise dans des vessies et ainsi transportée, de même les vessies y sont couramment utilisées pour transporter l'eau et le vin; mais comme il est ajouté, je les jetterai les uns contre les autres, il vaut mieux utiliser le mot bouteilles, ou flagons.

Cette déclaration générale aurait pu paraître sans importance; car quelle instruction contient ceci: «Chaque bouteille doit être remplie de vin?» C'est comme ce qu'on pourrait dire, - qu'une chope est faite pour transporter du vin, et que des bols sont faits pour boire: cela est bien connu, même des enfants. Et puis on aurait pu dire que cela n'était pas digne d'un prophète. «Eh! que dis-tu? Tu dis que les bouteilles sont les récipients du vin, comme un chapeau est fait pour couvrir la tête, ou des vêtements pour se protéger du froid; mais tu sembles te moquer de nous avec des bagatelles enfantines. Nous constatons également que l’adresse du Prophète a été ainsi contestée, car ils ont répondu avec mépris et fièrement: «Quoi! ne savons-nous pas que les bouteilles sont préparées dans le but de conserver le vin? Mais que veux-tu dire? Vous vous vantez de l'inspiration du Saint-Esprit: à quel point cela est-il étrange? Tu es, comme un ange descendu du ciel; tu prétends le nom de Dieu et tu professes avoir l'autorité d'un prophète; maintenant, qu'est-ce que cela signifie, que les bouteilles sont remplies de vin? Mais le but particulier de Dieu était donc de réveiller les gens, qui dormaient dans leurs illusions, et qui n'étaient pas non plus attentifs à l'instruction spirituelle. Son dessein était alors de montrer, par la plus insignifiante, et comme par des choses frivoles, qu'ils n'étaient pas assez clairvoyants pour percevoir même ce qui était le plus évident. En effet, tous savaient que les bouteilles étaient faites pour le vin; mais ils ne comprenaient pas que c'étaient des bouteilles, ou étaient comme des bouteilles. Nous avons en effet dit qu'ils étaient gonflés avec tant d'arrogance qu'ils ressemblaient à des roches dures; et de là était leur mépris de toutes les menaces, parce qu'ils ne considéraient pas ce qu'ils étaient. Le Prophète dit alors qu'ils étaient comme des bouteilles; bien que Dieu les eût bien choisis pour un excellent usage, pourtant, oubliant leur fragilité, ils avaient gâché leur propre excellence, de sorte qu'ils n'étaient plus d'aucune utilité, sauf que Dieu les enivrerait de vertiges et aussi de calamités.

On voit donc pourquoi Dieu avait ordonné d'annoncer ici une vérité générale qui fut accueillie avec indifférence et mépris; c'était, qu'une occasion pourrait être donnée au Prophète pour toucher au vif ces hommes stupides à qui leur propre état était totalement inconnu. On avait dit qu'ils étaient comme des montagnes, parce qu'ils avaient pour fondement la libre élection de Dieu; mais comme ils n'avaient en eux aucune fermeté et aucune constance de foi, mais s'étaient dégradés, leur gloire avait pour ainsi dire fondu; et bien qu'ils conservaient encore une apparence extérieure, ils étaient comme des vaisseaux cassants; et ainsi leur fragilité est ici mieux exprimée par le Prophète que si, en une phrase simple, il avait dit: «De même qu'une bouteille est remplie de vin, ainsi le Seigneur vous comblera d'ivresse. S'il avait parlé ainsi, il n'y aurait pas eu autant de force dans la prédiction; mais quand ils répondirent avec dédain: «Ceci est connu même des enfants», on leur dit alors ce qui les touchait le plus sensiblement, c'est-à-dire qu'ils étaient comme des bouteilles. (76)

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