Ne posséderas-tu pas ce que Kemosh ton dieu, etc. — C'est clairement un argument ad hominem, dans lequel Jephté ne confesse nullement que Kemosh est un dieu ; mais ne discute qu'avec le roi des Ammonites, à partir de l'opinion que lui et son peuple avaient, que Kemosh, qu'ils adoraient, était un dieu ; et que, d'après l'opinion que toutes les nations avaient de leurs dieux, ils lui devaient leurs conquêtes.

Il demande donc au roi s'il ne garderait pas ce que son dieu lui avait donné, et le considérerait comme possédé de droit par lui ; et s'il en est ainsi, continue-t-il, sur le même fondement, nous posséderons aussi ce que Jéhovah, notre Dieu, nous a donné. Misérable, en effet, doit être la cause de l'infidélité, qui trouve nécessaire de pervertir un passage aussi clair que le présent pour le servir et le soutenir ! Ainsi fit Voltaire.

RÉFLEXIONS. — Jephté étant maintenant constitué capitaine, avant de tirer l'épée de la guerre, cherche une solution pacifique.

1. Il envoie s'enquérir de la raison de cette invasion du roi ammonite ; comme ils ne l'avaient pas offensé, il veut qu'il se retire tranquillement, et ne l'oblige pas à user de la force pour repousser la force. Noter; Nous devons rechercher la paix avec tous les hommes et ne jamais chercher de réparation litigieuse tant que toute proposition équitable n'a pas été rejetée.

2. L'Ammonite, ne voulant pas invoquer la loi des armes, fait valoir une demande d'un ancien titre, qu'au moins, il pourrait sembler couvrir ses prétentions avec un plaidoyer spécieux de justice. Noter; (1.) Ceux qui sont dépourvus de conscience ou d'honnêteté, ne veulent pas le paraître. (2.) Ceux qui cherchent un prétexte pour une querelle ne seront jamais embarrassés pour en trouver un.

3. Jephté fait une réponse des plus satisfaisantes à la demande déraisonnable. Les terres en question entre Arnon et Jabbok n'étaient pas en possession des Ammonites, mais des Amorites, quand Israël les a dépossédés ; et, bien que la terre pût appartenir à l'origine aux Ammonites, ils les avaient laissés en jouir paisiblement, et leur avaient laissé le titre. Le peuple d'Israël était si loin d'offrir la moindre violence aux enfants de Lot ou d'Ésaü, que lorsqu'on leur refusait le passage à travers leurs pays, bien que capables, s'ils l'avaient choisi, d'avoir ouvert leur chemin par la force, ils subissaient plutôt la la fatigue d'une longue marche pour faire le tour de leurs territoires, que d'y mettre le pied, encore moins de s'en emparer pour leur propre usage ; ils n'auraient pas non plus touché le pays de Sihon, si lui-même n'avait été l'agresseur et n'avait pas seulement refusé de les laisser passer, mais aussi sortit, sans provocation, pour les attaquer, et ainsi amena sa ruine sur sa propre tête. Dieu ayant livré Sihon entre leurs mains, son pays devint le leur par le don de Dieu, et il n'y avait pas la moindre raison pour qu'ils le conquièrent pour les Ammonites.

Il fait appel à lui, quelle serait sa propre conduite dans un cas pareil ? Abandonnerait-il ce qu'il pensait avoir conquis, sous l'influence de son dieu idole, ou abandonnerait-il sa propre terre aux premiers habitants qu'il avait dépossédés ? Non, sûrement. Pourquoi, alors, devrait-il l'attendre des Israélites ? Il plaide plus loin leur jouissance ininterrompue de ce pays pendant près de trois cents ans ; pendant laquelle ni Balaak ni ses successeurs n'ont jamais prétendu la revendiquer ; et les Moabites y avaient un droit égal, sinon meilleur, que les Ammonites ; de sorte que, sur tous ces comptes, la guerre doit apparaître la plus injuste et non provoquée ; et donc Jephté fait appel à Dieu pour une décision de la controverse, s'il doit persévérer dans ses demandes. Noter;(1.) Lorsque nous avons la justice et la vérité de notre côté, nous pouvons faire appel avec confiance au Dieu de vérité pour une décision en notre faveur. (2.) Lorsque notre propre conduite inoffensive et inoffensive témoigne de notre tranquillité, c'est à leurs risques et périls qui se préparent alors au combat.

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