1 Jean 5:6

Le témoin du Christ.

"Témoin!" Le mot dans sa récurrence emphatique est typique de la situation d'où jaillit l'Épître. Les périls et les inquiétudes particuliers dont l'Église est maintenant assaillie sont différents de ceux avec lesquels nous sommes familiers dans les premières épîtres de saint Paul. Et cela vaut peut-être la peine de nous rappeler le contraste. Là, l'effort avait été de faire sortir le message lui-même du Christ dans sa force distincte et native ; le démêler de la matière englobante qui l'obscurcissait ou le déformait ; pour le libérer des erreurs dont il était passible, qu'il s'agisse de pressions juives ou païennes.

Mais maintenant, le corps des croyants possède sa foi depuis quelques années ; certains ont grandi depuis l'enfance dans son environnement familier. Ils sont là, en possession compacte de leur position. Mais en face d'eux, ils trouvent dressé, dans une hostilité résolue, un monde, intellectuel et moral, qui ne donnera pas un monde féroce, dur et fort. Et la tâche qui leur est confiée commence à sembler difficile et sinistre.

Ce sera une longue affaire. Ils ne sont que comme une tache de lumière dans l'obscurité qui montre peu de signes de rupture. Ce « monde » est bien à convaincre, à condamner, à convertir, mais pas, semble-t-il, d'un coup, pas dans un sursaut rapide de victoire. Un combat long, lent et laborieux est évidemment à venir, dont aucun œil ne peut encore reconnaître la fin. Et la foi qui doit faire face à cette œuvre doit bien se regarder.

Elle a dû reconnaître jusqu'où elle entend aller, sur quoi elle peut s'appuyer ; il doit être complet, préparé et explicite. Les chrétiens ne doivent pas avoir peur de se pencher sur leur foi. Sa simplicité précoce est insuffisante pour leur tâche. Ils doivent déterrer ses racines ; ils doivent le sonder et noter, et trier, et distinguer. Ils doivent vérifier leur croyance. Et cette vérification, ils doivent la gagner du fait même auquel la croyance les engage. Le fait est un fait vivant, et peut apporter ses propres réponses. Par contact avec elle, par pénétration en elle, le fait témoignera de lui-même.

I. Comment cela peut-il être ? Comment peut-on dire d'un fait qu'il porte en lui sa propre preuve ? Eh bien, en gros, tous les faits, de quelque nature que ce soit, auxquels nous accordons un crédit interne le font au moins, dans une certaine mesure. Car le crédit que nous leur accordons est dérivé, non de la simple preuve de leur apparition, mais de leur correspondance harmonieuse avec le monde dans lequel ils arrivent. Ils l'adaptent; ils lui appartiennent ; ils s'y associent ; ils prennent une place appropriée dans le corps général des faits.

C'est ce caractère d'évidence lumineux que saint Jean revendiquerait pour le fait chrétien. Son témoignage de lui-même se trouve dans sa correspondance complète avec la situation spirituelle dans laquelle il entre. Le fardeau de la responsabilité de la nature de la preuve est ainsi rejeté sur nous-mêmes. Il fonctionne comme un jugement, détectant où nous en sommes et mettant à nu les secrets du cœur.

Le chrétien doit, s'il veut être sûr de lui dans la terrible guerre avec le monde, ruminer et scruter le fait divin qui lui est présenté, le fait auquel il a cru, jusqu'à ce que le fait lui-même devienne de plus en plus lumineux avec l'intensité et la réalité de la lumière qu'elle a jetée sur les énormes problèmes qui pèsent sur le destin de l'homme ici et dans l'au-delà. A mesure qu'il réfléchissait, l'illumination augmenterait ; et dans cet accroissement de puissance illuminatrice se trouverait cette preuve du fait, cette assurance intelligente et convaincante que désirait son inquiétude.

II. Et il y avait une autre forme de ce témoignage qui adhérait au fait du témoignage, à savoir, qu'il rendait à Dieu le Père. Non seulement le fait chrétien s'accordait avec la situation humaine qu'il prétendait expliquer, mais il portait en lui un sens soudain de correspondance avec le Dieu auquel les hommes avaient cru. La confiance de saint Jean en témoignant de ce qu'il avait « vu, entendu et manipulé » se couronne dans la conscience que, grâce à la puissance de cette expérience, il s'est retrouvé sorti d'une jungle sombre de la mort dans le clair lumière du jour; il a vu le visage de Dieu une fois de plus, intact et sans tache.

C'est ce qui fortifiait et corroborait son adhésion au fait. La lumière s'était manifestée, et avec ce résultat : que le message qu'il avait maintenant à déclarer à ses auditeurs était justement celui-ci : « que Dieu était vraiment lumière », et seulement lumière, rien que lumière ; et qu'en Lui il n'y avait aucune ténèbres du tout.

III. Il y a une troisième forme de ce témoignage de la réalité du fait. C'est ce qui s'exprime dans la référence énigmatique aux trois témoignages sur terre : l'Esprit, l'eau et le sang. L'eau et le sang sont des témoins réels et concrets de Celui qui est venu dans la chair. Ici sur terre, parmi nous, ils sont encore maniés, remplis, possédés par l'Esprit, appliqués par l'Esprit à la preuve perpétuelle de la purification et de la rédemption qui se sont manifestées une fois pour toutes en Jésus-Christ.

Les voici encore. Et par cette concorde combinée de l'intérieur et de l'extérieur, de l'essence vivante avec les facteurs objectifs, du témoignage de l'Esprit avec l'eau et le sang témoignant, la preuve est donnée de manière décisive à la fois de la présence et de la puissance de la volonté agissante de Dieu, et de la validité de le fait originaire dans lequel cette volonté a pris forme et est venue parmi nous. "Il y en a trois qui témoignent sur la terre, l'Esprit, l'eau et le sang : ces trois s'accordent en un."

H. Scott Holland, Plaidoyers et revendications pour le Christ, p. 67.

Références : 1 Jean 5:8 . Spurgeon, Sermons, vol. xx., n° 1187 ; J. Keble, Sermons from Easter to Ascensiontide, p. 160 ; Ibid., Sermons pour le Carême et la Passion, p. 172. 1 Jean 5:9 ; 1 Jean 5:10 . Spurgeon, Sermons, vol. xxi., n° 1213.

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