UN ICONOCLAST ROYAL

« Il a abattu les prêtres idolâtres.

2 Rois 23:5

I. Ce qui mérite d'être gardé à l'esprit, c'est ceci : si des mesures douces n'avaient pas servi à accomplir l'objet désiré d'extirper l'idolâtrie et de restaurer la constitution mosaïque, ces mesures violentes n'ont pas non plus eu cet effet. — Les efforts de réforme de Josias n'ont produit aucun effet permanent et ses arrangements ont disparu presque sans laisser de trace. Il est très remarquable que les prophètes, dont on aurait pu s'attendre à se réjouir de cette entreprise, et à en faire une époque et un exemple permanent de ce qu'un roi de Juda doit faire, n'y font guère référence, voire pas du tout.

Il y a eu une tentative violente et sanglante de Manassé pour écraser la religion Jéhovah et établir le culte d'autres dieux. Violence pour violence, peut-on approuver les moyens employés dans un cas plus que dans l'autre ? La conscience chrétienne la plus cultivée est-elle si incertaine de ses propres principes qu'elle est incapable d'un meilleur verdict que celui-ci : la violence lorsqu'elle est employée par le parti avec lequel nous sympathisons est juste ; lorsqu'il est employé contre ce parti, c'est mal? Nous justifions Josias, et nous condamnons les persécuteurs et inquisiteurs chrétiens. Ces points de vue sont-ils incohérents et, sinon, comment pouvons-nous les concilier ?

II. Nous devons garder à l'esprit que c'est une chose d'admettre des excuses pour une ligne de conduite, et une autre de la justifier. — Le judaïsme avait certainement l'intolérance comme l'un de ses principes fondamentaux. La violence dans le soutien de la religion Jéhovah était un devoir d'un roi juif. En essayant d'expliquer et de comprendre la conduite de Josias, il serait aussi insensé de s'attendre à ce qu'il voie et pratique la tolérance que de s'attendre à ce qu'il utilise des armes à feu contre Necho.

Nous ne pouvons jamais ramener les principes modernes dans les temps anciens et juger les hommes selon les normes d'aujourd'hui. Agir ainsi relève d'un manque total de sens historique. D'un autre côté, cependant, lorsque nous devons juger des actions , qui peuvent être considérées comme des exemples de notre propre conduite, nous devons les juger inflexiblement selon les normes les plus élevées de droit, de justice et de sagesse que nous connaissons. Sinon, comment pouvons-nous nier qu'il est juste de persécuter l'hérésie par des moyens violents alors que cela est justifié par l'exemple de Josias ?

III. Jugée selon les meilleures normes, la réforme de Josias était imprudente dans sa méthode. — Le roi était convaincu, et il effectua la réforme par son autorité royale. La nation n'était pas convertie et n'approuvait donc pas de bon cœur le mouvement. Il ne se soumettait qu'à ce qui lui était imposé. Aussi cette réforme passa-t-elle sans fruit, comme sans racine dans la conviction publique. Nous sommes sûrs de nos principes modernes de tolérance, et de subir la persécution plutôt que de l'infliger.

Nous croyons à ces principes même comme moyen de propager nos opinions. Soyons fidèles à ces principes, et ne nous laissons pas induire en erreur par notre souci de nous excuser pour un homme qui est mentionné ici avec éloges et honneur. La violence est la malédiction de toutes les révolutions, politiques ou religieuses. Notre génération n'en a-t-elle pas assez vu pour s'en convaincre enfin ? Ne regardons-nous pas avec anxiété dans les convulsions politiques si la cause à laquelle nous sympathisons réussira à se tenir à l'écart de cette malédiction ? N'est-ce pas le plus grand éloge que l'on puisse faire d'une révolution, et notre plus forte raison de croire en la permanence de ses résultats, qu'elle fut « pacifique » ? La réforme de Josias n'est pas un exemple pour nous.

Son échec est un avertissement. Nous n'avons pas à en justifier la méthode. Nous ne pouvons pas condamner l'homme, car ses intentions et ses motifs étaient les meilleurs, mais nous ne pouvons approuver ou imiter la méthode d'action. Son échec nous avertit qu'aucune réforme ne peut être authentique qui soit imposée par l'autorité, ou qui repose sur autre chose qu'un cœur converti, et que toutes les justifications plausibles de la violence qui peuvent être inventées sont des illusions.

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