UNE MARIONNETTE ROYALE

'Et le roi Sédécias dit à Jérémie : 'J'ai peur.'

Jérémie 38:19

I. Il est étrange de songer au contraste entre ce roseau secoué par le vent et le chêne vigoureux, défiant toutes les tempêtes, que fut Jérémie. — Le prophète se tenait seul. Il s'est tenu aussi catégorique contre chaque ennemi. Il tenait par son témoignage. Rien ne pouvait l'ébranler. Il ne devait pas être soudoyé, ni cajolé, ni terrifié jusqu'au silence. Il était une chaire que toutes les richesses de l'État ne pouvaient accorder. Il délivra le même message au roi en audience secrète qu'au peuple en assemblée publique.

Pourtant, à cet homme timide, recroquevillé et impitoyable, il ne pouvait donner aucun souffle de son propre esprit intrépide et de sa volonté de fer. Il s'accroche à Jérémie : il lui fait des faveurs : il croit que ce que dit le prophète est la parole de Dieu, et pourtant il n'a jamais le courage d'agir selon son conseil.

II. Si la décision de caractère manque à un homme, c'est en effet un besoin fatal. — On sous-estime habituellement la gravité d'un tel défaut. Nous nous excusons si souvent pour un homme en disant : « Il n'y a pas de mal en lui, mais il est faible. Or dans ce monde, où les forces du mal sont si agressives, où le courant coule si férocement vers le mal, où la tentation est si insistante, c'est une sentence de malheur.

Nous sommes enclins à penser à un homme comme Sédécias, que si seulement il avait été un simple citoyen, il aurait été inoffensif et respectable. Il était aimable et enclin à la religion, et n'avait rien de vicieux en lui. C'était un homme faible dans une fausse position, dans un endroit qui exigeait avant tout de la force de caractère. Il était sans conviction, sans force de volonté, sans résolution. Or, nous ferions mieux de prendre conscience du fait brutal que Dieu ne pourvoit pas de cloîtres et de retraites séquestrées, à l'abri de toutes les rafales, pour des âmes aussi efféminées.

Ils sont comme le reste d'entre nous, poussés dans la vie, et ils sombrent. Ils ne peuvent pas nager à contre-courant. Invertébrés ils sont, et sans force pour résister, et la décision de ne jamais dire non. La seule chose qu'ils peuvent faire est de céder faiblement. Or il s'ensuit qu'un tempérament aussi fatal exclut un homme des rangs des chrétiens. L'appel du Christ est toujours à la décision. Il met du fer dans le sang. Il nous appelle à le suivre, à prendre notre croix, à nous renoncer.

Si tout ce que nous pouvons faire ou nous soucier de faire est d'aller avec la foule, alors nous ne pouvons pas avoir une part ou un sort avec Lui. Cela peut d'autant plus nous ouvrir les yeux sur le mal de cette disposition si nous suivons la carrière de ce dernier roi de Juda, qui a été maudit pour sa propre perte et celle de sa nation avec faiblesse de volonté.

Illustration

« Quel caractère pitoyable est ce roi faible, ballotté entre des volontés plus fortes, envoyant parfois chercher Jérémie et ayant des entretiens secrets avec lui, dont il a désespérément peur qu'ils ne s'échappent, parfois en écoutant les princes, puis de nouveau en faisant comme Ebed- melech exhorte. Il y a une pointe d'amertume dans sa réponse à l'exigence truculente de la vie du prophète : « Le roi n'est pas celui qui peut faire quoi que ce soit contre vous.

” Comme tous les hommes faibles, il n'aime pas la domination de la volonté plus forte à laquelle il cède, et pourtant cède à la domination à laquelle il n'aime pas. Pauvre créature ! les temps étaient « déséquilibrés », et il n'était certainement pas l'homme « pour les redresser ». Alors il « boitilla sur les deux genoux », pour reprendre la comparaison méprisante d'Élie, et, bien sûr, se ruina lui-même et tout ce qui lui était confié. De tels hommes le font toujours. Ce n'est pas un monde où un homme irrésolu peut s'introduire.

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