4. Pour le bien de mon serviteur Jacob. Il montre dans quel but il accorderait un succès si heureux et illustre à ce prince. C'est pour qu'il conserve son peuple; comme si le Seigneur avait dit: «Tu obtiendras en effet une victoire de signal, mais je me soucierai de mon peuple plutôt que de toi; car c'est pour eux que je soumets les rois et les nations à ta puissance. Par ces prédictions, en effet, le Seigneur entendait encourager le cœur des croyants, afin qu'ils ne désespèrent pas au milieu de ces détresses; mais sans aucun doute il entendait aussi exciter Cyrus à reconnaître qu'il devait à cette nation tout ce qu'il devait accomplir, afin qu'il soit plus disposé à les traiter avec toute la gentillesse.

Et Israël, mon élu. Dans cette deuxième clause, il y a une répétition qui sert encore plus loin à expliquer cette raison; et en même temps, il montre sur quelle base il estime que les Israélites sont «ses serviteurs». C'est parce qu'il a daigné les choisir par la libre grâce; car il n'est pas au pouvoir des hommes de se faire «serviteurs de Dieu» ou d'obtenir un si grand honneur par leurs propres efforts. Cette clause est donc ajoutée, (195) comme précédemment, à des fins d'explication. Mais encore cela dénote aussi la fin des élections; car, puisque nous sommes naturellement les esclaves de Satan, nous sommes appelés pour que, étant rendus à la liberté, nous puissions servir Dieu. Pourtant, il montre qu'aucun homme n'est digne de cet honneur, comme nous l'avons dit, si ce n'est celui que Dieu a choisi; car qui se vantera d'être digne d'un si haut honneur, ou que pouvons-nous rendre ou offrir à Dieu? Ainsi «nous ne nous suffisons pas, mais le Seigneur nous a rendus suffisants», comme le dit Paul. (2 Corinthiens 3:5.) Le commencement de notre salut est donc l'élection de Dieu par la libre grâce; et la fin en est l'obéissance que nous devons lui rendre.

Mais bien que cela se limite à l'histoire de Cyrus, nous pouvons néanmoins en tirer une doctrine générale. Lorsque divers changements se produisent dans le monde, Dieu assure en même temps le salut de son peuple et, au milieu des tempêtes, préserve merveilleusement son Église. Nous sommes en effet aveugles et stupides quant aux œuvres de Dieu, mais nous devons croire fermement que, même lorsque tout semble être conduit au hasard, et être ballotté de haut en bas, Dieu n'oublie jamais son Église, dont le salut, sur au contraire, il promeut par des méthodes cachées, de sorte qu'on s'aperçoit enfin qu'il est son gardien et défenseur.

Josèphe raconte un récit mémorable sur Alexandre, qui, pendant qu'il assiégeait Tyr, envoya des ambassadeurs à Jérusalem, pour demander le tribut que les Juifs payaient à Darius. Jaddus, le grand prêtre, qui avait juré qu'il paierait ce tribut, ne se soumettra pas à Alexandre et refusa de lui payer le tribut. Alexandre fut très offensé et, gonflé d'orgueil et de férocité, résolut de détruire Jérusalem, et, après avoir conquis Darius, marcha vers Jérusalem, dans le but de la confier à la destruction totale. Jaddus sortit à sa rencontre, accompagné d'autres prêtres et lévites, vêtus de la robe sacerdotale; et Alexandre, dès qu'il le vit, sauta de son cheval, et se jeta à ses pieds en suppliant. Chacun était étonné d'une chose si étrange et si incompatible avec son tempérament naturel, et pensait avoir perdu la raison. Parmenio, qui seul de tous ceux qui étaient présents a demandé la raison, a reçu une réponse, qu'il n'aimait pas cet homme, mais Dieu, dont il était le serviteur; et qu'avant de quitter Dion, une ville de Macédoine, un homme de cette apparence et de cette robe, qui semblait avoir la forme de Dieu, s'est présenté à lui dans un rêve, l'a encouragé à prendre l'Asie et a promis d'être le chef de l'armée, de sorte qu'il ne devait avoir aucun doute sur la victoire, et par conséquent qu'il ne pouvait qu'être puissamment affecté en le voyant. De cette manière, par conséquent, Jérusalem fut sauvée des mâchoires de ce bandit sauvage qui ne visait rien d'autre que le feu et l'effusion de sang, et obtint même de lui une plus grande liberté qu'auparavant, ainsi que des dons et des privilèges. (196)

J'ai cité cet exemple pour montrer que l'Église de Dieu est préservée au milieu des dangers par des méthodes étranges et inhabituelles. C'étaient des temps troublés, et à peine un coin de la terre était au repos; mais par-dessus tous les autres pays, on peut dire que la Judée est vouée à la destruction. Pourtant, voyez l'Église sauvée d'une manière merveilleuse et inhabituelle, tandis que d'autres nations sont détruites, et presque le monde entier a changé de visage!

Et pourtant tu ne m'as pas connu. Ces mots sont ajoutés dans le but de donner plus de force à la déclaration, non seulement pour que Cyrus puisse apprendre que cela n'est pas accordé en raison de l'un de ses propres mérites, mais qu'il ne peut pas mépriser le Dieu d'Israël, bien qu'il ne le connaisse pas. Le Seigneur nous rappelle souvent, en effet, à ce sujet, qu'il anticipe toute l'industrie qui existe chez les hommes, afin d'abattre toute l'orgueil de la chair. Mais il y a une autre raison, en ce qui concerne Cyrus; car s'il avait pensé que le Seigneur accordait ces choses pour lui-même, il aurait ignoré les Juifs et les aurait traités comme des esclaves méprisables. Pour cette raison, le Seigneur témoigne que cela ne se produit pas en raison du mérite de Cyrus, mais uniquement pour le bien du peuple, qu’il décide de sauver des mains des ennemis. D'ailleurs, rien n'était plus probable que que cet homme, dans son aveuglement, s'approprierait à ses idoles ce qui appartenait au vrai Dieu; car, étant entièrement sous l'influence de superstitions méchantes, il n'aurait pas volontairement laissé place à un Dieu étrange et inconnu, s'il n'avait été instruit par cette prédiction.

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