1. Alors Joseph n'a pas pu se retenir (175 ) Moïse raconte dans ce chapitre la manière dont Joseph s'est fait connaître à ses frères. En premier lieu, il déclare que Joseph avait fait violence à ses sentiments, tant qu'il leur présentait un visage austère et dur. Enfin la forte affection fraternelle, qu'il avait réprimée pendant le temps qu'il respirait de graves menaces, se répandit avec une force plus abondante: d'où il paraît que rien de grave ou de cruel n'avait été nourri dans son esprit. Et alors qu'elle éclate ainsi en larmes, cette douceur ou cette tendresse mérite plus d'éloges que s'il avait gardé un tempérament égal. Par conséquent, les stoïciens parlent bêtement quand ils disent que c'est une vertu héroïque de ne pas être touché par la compassion. Joseph était-il resté inflexible, qui ne l'aurait pas déclaré être un homme stupide ou au cœur de fer? Mais maintenant, par la véhémence de ses sentiments, il manifeste une noble magnanimité, ainsi qu'une divine modération; parce qu'il était si supérieur à la fois à la colère et à la haine, qu'il aimait ardemment ceux qui avaient méchamment conspiré pour provoquer sa ruine, bien qu'ils n'aient reçu aucun dommage de sa part. Il ordonne à tous les hommes de partir, non pas parce qu'il avait honte de sa parenté, (car il ne dissimule pas ensuite le fait qu'ils étaient ses frères, et il permet librement d'en porter le rapport au palais du roi), mais parce que il est attentif à leurs sentiments, afin de ne pas faire connaître leur crime détestable à de nombreux témoins. Et ce n'était pas la moindre partie de sa clémence, de désirer que leur disgrâce fût entièrement ensevelie dans l'oubli. Nous voyons donc que les témoins ont été enlevés, pour aucune autre raison que pour réconforter plus librement ses frères; car il ne les a pas seulement épargnés, en ne dénonçant pas leur crime; mais, enfermé seul avec eux, il s'abstenait de toute amertume de langage et leur donnait volontiers une amicale consolation.

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