Je n'engagerai pas longtemps le lecteur à réciter et à réfuter les opinions des autres. Que chacun ait sa propre opinion; et permettez-moi d’avancer ce que je pense. Afin que vous puissiez alors comprendre la conception de cette gradation, gardez d'abord à l'esprit qu'il y avait un lien mutuel entre l'appel des Gentils et le ministère de Paul, qu'il exerçait parmi eux; de sorte que de la preuve de l'un dépendait de la preuve de l'autre. Il était maintenant nécessaire pour Paul de prouver, sans aucun doute, l'appel des Gentils, et, en même temps, de donner une raison pour son propre ministère, de peur qu'il ne semble étendre la faveur de Dieu sans autorité, de retenir des enfants le pain qui leur est destiné par Dieu, et pour le donner aux chiens. Mais ces choses, il les éclaircit donc en même temps.

Mais comment il relie le fil de son discours ne sera pas pleinement compris, tant que chaque partie ne sera pas expliquée dans l'ordre. L'importance de ce qu'il avance est la même que s'il avait dit: «Les Juifs et les Gentils, en invoquant le nom de Dieu, déclarent par là qu'ils croient en lui; car un véritable appel au nom de Dieu ne peut être qu’une bonne connaissance de lui. De plus, la foi est produite par la parole de Dieu, mais la parole de Dieu n’est prêchée nulle part, sauf par la providence et la nomination spéciales de Dieu. Là où il y a donc un appel à Dieu, il y a la foi; et là où est la foi, la semence de la parole a précédé; là où il y a la prédication, il y a l'appel de Dieu. Or, là où son appel est ainsi efficace et fécond, il y a là une preuve claire et indubitable de la bonté divine. Il apparaîtra donc enfin que les Gentils ne doivent pas être exclus du royaume de Dieu, car Dieu les a admis à participer à son salut. Car, comme la cause de la foi parmi eux est la prédication de l'Évangile, de même la cause de la prédication est la mission de Dieu, par laquelle il lui avait plu de cette manière de pourvoir à leur salut. Nous allons maintenant considérer chaque partie séparément.

14. Comment doivent-ils appeler? etc. Paul entend ici relier la prière à la foi, car ce sont en effet les choses les plus étroitement liées, car celui qui invoque Dieu se rend, pour ainsi dire, au seul véritable havre de salut, et vers un refuge le plus sûr; il agit comme le fils qui s'engage dans le sein du meilleur et du plus aimant des pères, afin d'être protégé par ses soins, chéri par sa bonté et son amour, soulagé par sa générosité et soutenu par sa puissance. C’est ce qu’aucun homme ne peut faire s’il n’a jamais eu dans son esprit une telle persuasion de la bonté paternelle de Dieu à son égard, qu’il ose tout attendre de lui.

Celui qui fait appel à Dieu se sent donc nécessairement assuré qu'une protection est prévue pour lui; car Paul parle ici de cet appel approuvé par Dieu. Les hypocrites prient aussi, mais pas pour le salut; car c'est sans conviction de foi. Il apparaît donc à quel point tous les écoliers, qui doutent de se présenter devant Dieu, sont complètement ignorants, soutenus par aucune confiance. Paul pensait bien autrement; car il suppose cela comme un axiome reconnu, que nous ne pouvons prier correctement que si nous sommes persuadés du succès. Car il ne se réfère pas ici à une foi hésitante, mais à cette certitude que nos esprits entretiennent quant à sa bonté paternelle, quand par l'évangile il nous réconcilie avec lui-même et nous adopte pour ses enfants. C'est seulement par cette confiance que nous avons accès à lui, comme on nous l'enseigne également dans Éphésiens 3:12.

Mais, d'un autre côté, apprenez que la vraie foi n'est que ce qui amène la prière à Dieu; car il ne peut être que celui qui a goûté à la bonté de Dieu cherchera toujours par la prière à en jouir.

Comment croiront-ils en lui? etc. Le sens est que nous sommes en quelque sorte muets jusqu'à ce que la promesse de Dieu ouvre la bouche pour prier, et c'est l'ordre qu'il fait remarquer par le Prophète, quand il dit: «Je vais dites-leur que vous êtes mon peuple; et ils me diront: «Tu es notre Dieu». (Zacharie 13:9.) Il ne nous appartient pas en effet d'imaginer un Dieu selon ce que nous pouvons imaginer; nous devons avoir une bonne connaissance de lui, telle qu'énoncée dans sa parole. Et quand quelqu'un se fait une idée de Dieu comme bon, selon sa propre compréhension, ce n'est pas une foi sûre ni solide qu'il a, mais une imagination incertaine et évanescente; il est donc nécessaire d'avoir la parole, afin que nous ayons une juste connaissance de Dieu. Il n'a mentionné ici aucun autre mot que celui qui est prêché, car c'est le mode ordinaire que le Seigneur a désigné pour transmettre sa parole. Mais si quelqu’un à ce titre prétendait que Dieu ne peut pas transférer aux hommes la connaissance de lui-même, sauf par l’instrumentalité de la prédication, nous nions que l’enseigner était l’intention de l’apôtre; car il n'avait en vue que la dispensation ordinaire de Dieu, et n'avait pas l'intention de prescrire une loi pour la distribution de sa grâce.

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