Maintenant, dans l'application, nous devons remarquer comment les choses correspondent: comme l'argile est à la volonté et sous le pouvoir du potier, ainsi les hommes sont à la volonté de Dieu: Dieu est alors comparé au potier. Il n'y a en effet aucune comparaison entre les choses égales, mais le Prophète argumente du moins au plus grand. On dit alors que Dieu, par rapport aux hommes, est le potier, car nous sommes l'argile devant lui. Il faut aussi remarquer la variété de ce qui s'est formé: à partir de la même argile on fabrique un récipient, puis un autre différent du premier. Ces trois choses qui sont comparées doivent être spécialement observées. Il est alors dit: ne puis-je pas, en tant que potier, faire de vous, maison d'Israël? Dieu inclut ici deux de ces comparaisons, il se compare au potier, et il compare le peuple à l'argile. Nous savons que Dieu a un pouvoir beaucoup plus grand sur les hommes qu'un mortel sur l'argile; car, de quelque manière qu'il puisse en faire des vases, il n'est pas encore le créateur de l'argile. Alors Dieu a une autorité bien plus grande sur les hommes que le potier sur l'argile. Mais la comparaison, comme je l'ai dit, est du plus grand au moins, comme s'il avait dit: «Le potier peut former l'argile à son gré; suis-je inférieur à lui? ou, mon pouvoir n'est-il pas au moins égal au pouvoir de l'artificier, qui est un mortel et d'une condition abjecte? Puis il ajoute, à vous , ou à vous, Ô maison d'Israël? comme s'il avait dit: «Ayez confiance en votre propre excellence à votre guise, mais vous ne valez pas mieux que l'argile, quand vous considérez ce que je suis et ce que je peux vous faire.»

Nous avons maintenant vu deux des comparaisons; le troisième suit - que Dieu peut nous tourner ici et là, et nous changer à sa volonté. Alors avec quelle insensibilité les hommes font-ils confiance à leur bonheur actuel; car en un instant leur état peut être changé, car il n'y a rien de certain sur la terre.

Mais nous devons garder à l'esprit ce que j'ai déjà dit: que vaine était la confiance avec laquelle les Juifs se sont trompés; car ils pensaient que Dieu était lié à eux, et ainsi ils se promettaient un état de perpétuité, et, comme s'ils pouvaient en toute impunité mépriser toute la loi, ils se vantèrent toujours que l'alliance par laquelle Dieu avait adopté la postérité d'Abraham, était héréditaire. Maintenant, le Prophète montre que l'alliance était d'une telle manière héréditaire, que pourtant les Juifs auraient dû la considérer comme un avantage fortuit, comme s'il avait dit: «Ce que Dieu vous a donné, il peut le retirer à tout moment; il n'y a donc rien de certain pour vous, sauf dans la mesure où Dieu vous sera propice. Bref, il leur rappelle que toute leur sécurité dépendait de la disposition gratuite de Dieu, comme s'il avait dit: «Vous n'avez rien qui vous appartient, mais ce que Dieu vous a conféré est à sa volonté et à son plaisir; il peut aujourd'hui même emporter ce qu'il vous avait donné hier. Que signifie donc cette insensée vantardise, quand vous dites que vous êtes exempté du sort commun des hommes?

Les Juifs auraient en effet pu ignorer à juste titre tous les dangers du monde, car Dieu les avait rassemblés sous sa propre protection; ils auraient en effet été en sûreté sous sa tutelle, s'ils avaient observé une fidélité mutuelle, pour être vraiment son peuple comme il avait promis d'être leur Dieu; mais comme ils estimaient pour rien sa loi entière, et annulaient l'alliance dans laquelle ils se glorifiaient follement, le prophète, comme nous le voyons, ne secoua pas sans raison cette confiance par laquelle ils se trompaient.

Nous pouvons donc rassembler une doctrine utile: pour toute la race humaine, il n'y a rien de certain ou de permanent dans cette vie; car Dieu peut changer notre condition à tout moment, de manière à chasser les riches et les éminents de leur élévation, et aussi à élever les hommes les plus méprisés, selon ce qui est dit dans Psaume 113:7. Et nous savons que cela est vrai, non seulement pour les individus, mais aussi pour les nations et les royaumes. Beaucoup de rois ont tellement accru leur pouvoir qu'ils se croient hors d'atteinte du mal; et pourtant nous avons vu que Dieu les a prosternés comme par un tourbillon soudain: de même il est arrivé aux nations puissantes. En ce qui concerne donc la condition de l'humanité, Dieu montre ici comme dans un miroir, ou par un spectacle éclatant, que des changements soudains se produisent souvent dans le monde: ce qui doit nous réveiller de notre torpeur, pour que nul de nous n'ose se promettre un autre jour, ou même une autre heure, ou un autre moment. C'est une chose; mais cette doctrine a pour nous une application particulière; car comme Dieu nous a séparés par une faveur particulière du reste du monde, il voudrait que nous dépendions entièrement de sa simple bonne volonté. La foi en effet doit être tranquille, non, elle doit ignorer tout ce qui peut nous apporter une quelconque terreur ou anxiété; mais la foi, où a-t-elle son siège? Au paradis. Alors il faut du courage à tous les enfants de Dieu, afin qu'ils puissent, l'esprit tranquille, ignorer tous les changements du monde. Mais il faut voir que la tranquillité de la foi soit fondée, c'est-à-dire dans l'humilité. Car de même que nous jetons l'ancre dans le ciel, de même, à notre égard, nous devons toujours être bas et humbles. Quiconque vole alors en vaine confiance se vante en vain de la foi, et prétend faussement avoir confiance en Dieu. Qu'il nous vienne toujours à l'esprit, et nous revienne constamment, que notre condition n'est pas par nous-mêmes en sécurité, mais par la bonté gratuite de Dieu. Nous voyons maintenant l'application de cette doctrine. Le Prophète continue, -

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