14. Que dirons-nous alors? etc. La chair ne peut entendre parler de cette sagesse de Dieu sans être instantanément perturbée par d'innombrables questions, et sans tenter d'une manière d'appeler Dieu à un compte. Nous trouvons donc que l'apôtre, chaque fois qu'il traite d'un mystère élevé, évite les nombreuses absurdités par lesquelles il savait que l'esprit des hommes serait autrement possédé; car quand les hommes entendent quoi que ce soit de ce que l'Écriture enseigne sur la prédestination, ils sont particulièrement empêtrés dans de très nombreux obstacles.

La prédestination de Dieu est bien en réalité un labyrinthe dont l'esprit de l'homme ne peut nullement s'extirper: mais la curiosité de l'homme est si déraisonnable que plus l'examen d'un sujet est périlleux, plus il procède hardiment; de sorte que lorsqu'on discute de la prédestination, comme il ne peut se retenir dans les limites qui lui sont dues, il se plonge aussitôt, par sa témérité, pour ainsi dire dans les profondeurs de la mer. Quel remède y a-t-il donc pour les pieux? Doivent-ils éviter toute pensée de prédestination? En aucun cas: car comme le Saint-Esprit ne nous a appris que ce qu'il nous appartient de savoir, la connaissance de cela serait sans doute utile, à condition qu'elle se limite à la parole de Dieu. Que ce soit donc notre règle sacrée, de ne chercher à rien savoir à son sujet, sauf ce que l'Écriture nous enseigne: quand le Seigneur ferme sa sainte bouche, arrêtons aussi le chemin, afin que nous n'allions pas plus loin. Mais comme nous sommes des hommes, à qui des questions insensées se posent naturellement, écoutons Paul comment les rencontrer.

Y a-t-il de l'iniquité avec Dieu? Monstrueuse est sûrement la folie de l'esprit humain, qu'il est plus disposé à accuser Dieu d'iniquité qu'à se blâmer pour l'aveuglement. Paul n'avait en effet aucun désir de sortir de son chemin pour découvrir des choses par lesquelles il pourrait confondre ses lecteurs; mais il a repris pour ainsi dire de ce qui était commun la mauvaise suggestion, qui entre immédiatement dans l'esprit de beaucoup, quand ils apprennent que Dieu décide de respecter chaque individu selon sa propre volonté. C'est en effet, comme l'imagine la chair, une sorte d'injustice, que Dieu passe par l'un et se montre respectueux envers l'autre.

Afin d'éliminer cette difficulté, Paul divise son sujet en deux parties; dans le premier dont il parle des élus, et dans le second des réprouvés; et dans l'un il voudrait que nous contemplions la miséricorde de Dieu, et dans l'autre pour reconnaître son juste jugement. Sa première réponse est que la pensée qu'il y a une injustice envers Dieu mérite d'être abhorrée, et ensuite il montre qu'en ce qui concerne les deux parties, il ne peut y en avoir.

Mais avant d'aller plus loin, nous pouvons observer que cette objection même prouve clairement que dans la mesure où Dieu élit les uns et passe par les autres, la cause ne se trouve pas dans autre chose que dans son propre dessein; car si la différence avait été fondée sur les œuvres, Paul n'aurait en aucune façon mentionné cette question concernant l'iniquité de Dieu, aucun soupçon n'aurait pu être entretenu à son sujet si Dieu traitait chacun selon son mérite. On peut aussi remarquer, en second lieu, que, bien qu'il ait vu que cette doctrine ne pouvait être touchée sans exciter des clameurs instantanées et des blasphèmes terribles, il l'a pourtant librement et ouvertement présentée; non, il ne cache pas combien il nous est donné l'occasion de murmurer et de clamer, quand nous entendons qu'avant que les hommes naissent, leur sort est assigné à chacun par la volonté secrète de Dieu; et pourtant, malgré tout cela, il procède, et sans aucun subterfuges, déclare ce qu'il avait appris du Saint-Esprit. Il s'ensuit donc que leurs fantaisies ne sont en aucun cas à supporter, qui visent à paraître plus sages que le Saint-Esprit, en supprimant et en pacifiant les offenses. Pour ne pas criminaliser Dieu, ils doivent avouer honnêtement que le salut ou la perdition des hommes dépend de son élection libre. S'ils devaient retenir leurs esprits de la curiosité impie, et brider leurs langues de la liberté immodérée, leur modestie et leur sobriété mériteraient l'approbation; mais mettre une retenue sur le Saint-Esprit et sur Paul, quelle audace! Qu'une telle magnanimité prévale donc toujours dans l'Église de Dieu, afin que les docteurs pieux n'aient pas honte de faire une profession honnête de la vraie doctrine, aussi détestée qu'elle puisse être, et aussi de réfuter les calomnies que les impies peuvent apporter.

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