1 Pierre 1:17

Peur du jugement à venir et de la rédemption accomplie.

Noter:

I. La sphère et le fonctionnement de la peur chrétienne. Il y en a pour qui l'importance attachée à la peur en ce lieu et ailleurs semble en contradiction avec l'enseignement de l'apôtre Jean, qui parle de la peur comme étant chassée par l'amour parfait. Mais il est à remarquer que c'est à l'amour parfait qu'est assignée cette prérogative. Lorsque l'amour est parfait, il rend inutile et impossible la peur dans un autre sens que celui de révérence ; mais avec un amour imparfait, la peur a de la place et une sphère d'action importante.

Il aide et stimule l'amour imparfait et le pousse à la perfection. Vous pouvez dire que la peur déprime, et parfois même engourdit et paralyse. Cela peut être vrai de la peur qui n'existe que dans l'âme, mais ce n'est pas vrai de celle qui coexiste avec la foi et l'amour, l'espérance et la joie. Le vent d'est vif du printemps n'est pas un favori; personne n'en dit du bien ; tout le monde en râle ; mais il dessèche toujours la terre mouillée, et c'est l'accompagnement des jours qui rallongent et qui renforce le soleil.

Ainsi, la peur va de pair avec l'agitation de la vie. La peur de la perte et de la douleur, et de toute forme de mal, est une partie si essentielle de la nature humaine et si liée au progrès de l'homme dans toutes les directions, si nécessaire même à son existence même, que l'homme ne peut extirper la peur qu'en chassant le dernier vestige de croyance en un danger et de tout moindre pressentiment de conscience.

II. Peur par rapport au Père qui juge. Je crois en un Père qui juge : cela me réveillera certainement ; il réveillera mes énergies endormies ; cela me fera bien regarder l'état de mon cœur et de ma vie ; mais le mot "Père" empêchera toujours la pensée du jugement de m'accabler. Tant que le mot "Père" est réel pour moi, la pensée du jugement rendra la vie solennelle et sérieuse, mais jamais sombre, jamais durablement triste.

III. Afin d'avoir une vraie crainte chrétienne, nous devons placer ensemble le jugement par les œuvres et la rédemption par le sang de Christ. Que cette crainte en vue de la rédemption ne soit pas jugée incompatible avec la joie et la liberté qui appartiennent à l'Évangile. C'est précisément l'homme qui a ce sens conscient de la rédemption qui lui fait peur de ne pas en être digne qui a aussi la joie. Ces deux, la peur et la joie, naissent de la même racine de rédemption.

Plus un homme a de joie en Christ, plus il aura peur de ne pas se conformer suffisamment à Christ. La peur est inséparable de la sincérité du but. Il accompagne tous les sentiments les plus nobles. Si vous aimez, vous craignez ; si vous vous efforcez et aspirez, vous avez peur. Quelle que soit l'appréciation que l'on peut avoir de la peur du jugement, tous doivent reconnaître la noblesse de la peur qui jaillit de la pensée de la grandeur de la rédemption.

Cette peur n'est possible qu'aux hommes qui ont une vue spirituelle, une conscience tendre et de la gratitude. Mais qui peut ne pas voir comment la pensée du jugement à venir améliore la rédemption ? N'est-il pas également clair que la crainte de la rédemption et la peur de ne pas en être digne viendront toujours, à mesure qu'un homme grandit, passer de plus en plus au premier plan et jeter l'autre peur dans l'ombre ? La peur apparaît ainsi comme l'un des principaux moyens par lesquels les hommes passent de la vie de soi à la vie de Dieu, et la peur supérieure brille comme l'antidote à tout ce qui est égoïste et étroit dans l'inférieur.

J. Leckie, Sermons, p. 194.

Continue après la publicité
Continue après la publicité