Le Prophète assume ici le caractère d'un endeuillé, afin qu'il puisse impressionner plus profondément les Israélites; car nous avons vu qu'ils étaient presque insensibles à leur torpidité. Il fallait donc les amener à voir la scène elle-même, pour que, voyant leur destruction sous leurs yeux, ils puissent être touchés à la fois par le chagrin et la peur. Des lamentations de ce genre sont partout rencontrées dans les prophètes, et elles doivent être soigneusement notées; car nous comprenons ainsi combien était grande la torpeur des hommes, dans la mesure où il était nécessaire de les réveiller, par cette forme de discours, pour les convaincre qu'ils avaient à faire avec Dieu: ils auraient autrement continué à se flatter d'illusions . Bien qu'en effet le Prophète s'adresse ici aux Israélites, nous devons encore nous appliquer cela à nous-mêmes; car nous ne sommes pas très différents du peuple ancien: car, quelle que soit la façon dont Dieu peut nous terrifier avec des menaces terrifiantes, nous restons toujours tranquilles dans nos ordures. Il est donc nécessaire que nous soyons sévèrement traités, car nous sommes presque dépourvus de sentiments.

Mais les prophètes assument parfois le deuil, et parfois ils sont touchés par un vrai chagrin: car lorsqu'ils parlent des étrangers et aussi des ennemis de l'Église, ils introduisent ces lamentations. Lorsqu'une mention est faite de Babylone ou de l'Egypte, on dit parfois: Voici, je vais pleurer, et mes entrailles seront comme un timbrel . Les prophètes n'ont alors pas vraiment pleuré; mais, comme je l'ai dit, ils se sont transférés les chagrins des autres, et toujours avec cet objet, afin de persuader les hommes que les menaces de Dieu n'étaient pas vaines, et que Dieu n'a pas joué avec les hommes lorsqu'il a déclaré qu'il était en colère contre leur. Mais quand le discours respectait l'Église et les fidèles, alors les prophètes ne se sont pas mis dans la douleur. La représentation ici doit alors être prise de telle manière que nous puissions comprendre que le Prophète était en vrai deuil, quand il a vu qu'une ruine terrible était imminente sur tout le royaume d'Israël. Car s'ils s'étaient perfidement écartés de la Loi, ils faisaient pourtant partie de la race sainte, ils étaient les enfants d'Abraham, que Dieu avait reçu en faveur. Le Prophète ne pouvait donc s'empêcher de pleurer sans ferveur pour eux. Et le Prophète fait ici ces deux choses, - il montre l'amour fraternel qu'il entretenait pour les enfants d'Israël, comme ils étaient sa parenté et une partie du peuple élu, - et il s'acquitte aussi de son propre devoir; car cette lamentation était, pour ainsi dire, le miroir dans lequel il met devant eux la vengeance de Dieu envers des hommes si extrêmement torpides. Il leur montre donc cette représentation, afin qu'ils puissent percevoir que Dieu n'était nullement insignifiant avec les hommes, quand il a ainsi dénoncé le châtiment des méchants et de ceux qui étaient apostats.

De plus, il ne parle pas d'une lamentation commune, mais dit: Je vais gémir et hurler, et ensuite, J'irai gâté Le mot אנושה, shulal, certains prennent comme signifiant celui qui est fou ou insensé, comme bien qu'il ait dit: "Je serai maintenant comme quelqu'un qui ne possède pas un esprit sain." Mais comme cette métaphore est plutôt contre nature, je préfère le sentiment d'être gâté; car c'était la coutume des personnes en deuil, comme on le sait, de déchirer et de jeter leurs vêtements. Je vais puis aller gâté et nu; et aussi, je ferai des gémissements, non pas comme ceux des hommes, mais comme les gémissements des dragons: je pleurerai, dit-il, comme les autruches ont coutume de faire. En bref, le Prophète, par ces formes de discours, laisse entendre que le mal à venir ne serait en aucun cas d'un genre ordinaire: car s'il adoptait la manière habituelle des hommes, il n'aurait pas pu exposer la terrible vengeance de Dieu qui était imminente. .

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