Quant au nombre, Jonas mentionne ici douze fois dix mille hommes, et c'est comme nous l'avons dit, cent vingt mille. Dieu montre ici combien il se soucie paternellement de l'humanité. Chacun de nous est chéri par lui avec un soin singulier: mais il en enregistre ici un grand nombre, qu'il serait peut-être plus manifeste qu'il tient tellement à l'humanité qu'il ne fulminera pas inconsidérément contre aucune nation. Et ce qu'il ajoute, qu'ils ne pouvaient pas distinguer entre la main droite et la gauche, est à rapporter, je n'en doute pas, à leur âge; et cette opinion a été reçue presque universellement. Quelqu'un, cependant, a exprimé la crainte que la ville ne devienne trop grande en autorisant un tel nombre d'hommes: il a donc inclus de façon promiscue les personnes âgées, ainsi que celles d'âge moyen et les nourrissons. Il dit que ceux-ci ne pouvaient pas faire la distinction entre la main droite et la gauche, parce qu'ils n'avaient pas été enseignés à l'école de Dieu, ni compris la différence entre le bien et le mal; car les incroyants, comme nous le savons, se sont égarés dans leurs erreurs. Mais ce point de vue est trop tendu; et d'ailleurs, il n'y a aucune raison à ce commentaire; car cette ville, nous le savons, n'était pas seulement comme quelques grandes villes, dont beaucoup sont à ce jour en Europe, mais elle surpassait la plupart des villes principales à ce jour. On sait qu'à Paris il y a plus de quatre cent mille âmes: il en est de même pour les autres villes. Je rejette donc ce commentaire, comme si Jonas parlait ici de tous les Ninivites. Mais Dieu, au contraire, entendait montrer, que s'il y avait la raison la plus juste de détruire entièrement la ville entière, il y avait encore d'autres raisons qui justifiaient la suspension d'une si terrible vengeance; car il y avait là de nombreux enfants qui n'avaient pas mérité, par leurs propres transgressions, une telle destruction.

Dieu montre alors ici à Jonas qu'il avait été emporté par son propre zèle impitoyable. Bien que son zèle, comme on l'a dit, provienne d'un bon principe, mais Jonas a été influencé par un sentiment beaucoup trop véhément. Ce Dieu a prouvé, en épargnant tant d'enfants jusqu'ici innocents. Et aux nourrissons, il ajoute les animaux bruts. Les bœufs étaient certainement supérieurs aux arbustes. Si Jonas pleurait à juste titre pour un arbuste fané, il était bien plus déplorable et cruel que tant d'animaux innocents périssent. Nous voyons donc combien toutes les parties de cette similitude sont appropriées, pour faire détester Jonas sa folie et en avoir honte; car il avait tenté de contrecarrer le dessein secret de Dieu, et d'une manière de le renverser par sa propre volonté, afin que les Ninivites ne fussent pas épargnés, qui pourtant travaillaient par une vraie repentance pour anticiper le jugement divin.

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